Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Arte, on (re)voit la série “Mum”, portrait d’une mère courage

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Porté par la formidable actrice Lesley Manville (Phantom Thread), Mum dresse le portrait d’une mère veuve qui sourti tout en serrant les dents. © Big Talk Productions
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Titre - Mum

Genre - Série

Réalisateur-trice - Créé par Stefan Golaszewski

Quand et où - Dès le jeudi 5 septembre 2024 à 20 h 55 sur Arte et en intégralité sur Arte.tv

Casting - Avec Lesley Manville, Peter Mullan, Sam Swainsbury.

Nicolas Bogaerts Journaliste

Dès ce jeudi 5 septembre, Arte propose de revoir l’intégralité de la série britannique Mum. Le portrait d’une femme aux portes de la soixantaine décidant de faire fi des injonctions sociétales.

À l’âge de 59 ans, Cathy incarne le cliché parfait de la mère de famille anglaise: aimante, appliquée, courtoise, le tablier bien serré autour de la taille. Même le jour des obsèques de son mari, rien ne semble faire tanguer son flegme british. Pas même Jason, son fils unique immature, qui lui présente en ce jour funeste sa promise, Kelly, pressée de flanquer ses pieds dans tous les plats qui lui viennent à l’esprit. Cathy prend une pause clope. Viennent ensuite son frère Derek et sa femme Pauline, contre-modèle d’aménités. Les beaux-parents toxiques complètent le tableau. Les premières minutes de Mum, série monument de la télévision anglaise déployée en trois saisons, plantent un personnage facilement identifiable, généreux, profond, touchant, entouré d’une ribambelle de boulets. Une mère qui sourit en serrant les dents. Porté par la formidable actrice Lesley Manville (Phantom Thread), Mum dresse le portrait en tribulations et lâcher-prise, pétri d’ironie, non seulement d’une mère aux portes de la soixantaine, mais de toutes les injonctions qui la plantent dans un décor de carte postale. Les non-dits, les tragédies ou menues contrariétés du quotidien sont souvent présentés hors champ, ce qui renforce le tragi-­comique de l’ensemble.

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Tout n’est pas exempt d’amour ni de tendresse dans l’écriture de Stefan Golaszewski. Pour preuve, la relation qui se dessine lentement, par nanogestes de tendresse et de culpabilité rentrée, entre Cathy et Michael (Peter ­Mullan), ami de longue date du défunt mari, qui se mue en partenaire lumineux et touchant. Dans les silences de Cathy, la tabagie, une certaine vision sombre de la famille et de la place que les femmes y reçoivent. Mum rappellera ­parfois la plus jeune et corrosive Fleabag, rupture du quatrième mur mise à part. À certains moments, par contre, l’ironie mordante qui traverse les trois saisons (diffusées au rythme d’une saison par semaine sur Arte) peut tomber à plat. Comme en deuxième saison lorsque sa belle-fille bimbo lui demande: « Quand est-ce qu’on commence à avoir l’odeur de vieille femme? » Tentative de sororité maladroite, âgisme et sexisme combinés? Ces faux pas et ces maladresses tendent à démontrer que Mum a hérité de la fragilité et de la difficulté de son sujet: les mères seules de plus de 50 ans, angle mort des politiques et creuset de bien des visions sombrement stéréotypées et ancrées.

Fluides, portées par casting épatant, les trois saisons de Mum se regardent à toute vitesse au gré des événements familiaux et des anniversaires, témoins du temps qui passe. Les personnages, tout comme ce qui les lie, prennent de la densité jusqu’au final, capable de tirer des larmes aux plus cyniques d’entre nous.

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