Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Arte, Miúcha, la princesse de la bossa-nova

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Heloísa Maria Buarque de Hollanda, alias Miúcha, avec Antônio Carlos Jobim. © Autlook Filmsales
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Titre - Miúcha, la voix de la bossa-nova

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Liliane Mutti et Daniel Zarvos

Quand et où - Dimanche 1er décembre à 23 h 30 sur Arte

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Miúcha n’est pas, loin s’en faut, la plus grande star de la musique brésilienne. Pas non plus d’ailleurs le nom le plus ronflant de la bossa-nova. Elle fut pourtant l’une des voix majeures de ce courant musical apparu du côté de Rio de Janeiro à la fin des années 50.

Née le 30 novembre 1937, aînée d’une famille de sept enfants (une de ses sœurs a été ministre de la Culture), Heloisa Maria Buarque de Hollanda est la fille d’une fervente catholique peintre et pianiste et d’un intellectuel bohème, sociologue et historien de profession. Un ami de Vinícius de Moraes, qui reçoit Sartre à la maison et emmène Miúcha écouter Édith Piaf à São Paulo.

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Arrivée à Paris en 1962 avec une bourse en art (elle travaillait alors dans la publicité et avait payé le voyage avec des jingles), la grande sœur de l’auteur et musicien Chico Buarque suit des cours à l’école du Louvre et rencontre João Gilberto dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Ils se marieront et auront une fille: Bebel. Réalisé par Liliane Mutti, cinéaste et universitaire spécialiste de Miúcha, et par son époux, Daniel Zarvos, lui-même cousin de la chanteuse emportée par un cancer le 27 décembre 2018, à l’âge de 81 ans, Miúcha ou la voix de la bossa-nova tire le portrait intime d’une effacée longtemps empêchée. Jeune féministe ralliée au Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Miúcha s’est dévouée corps et âme à son époux. Jusqu’à oublier d’exploiter ses propres talents pourtant exceptionnels, cette voix à tomber qui aurait bercé une armée de hooligans surexcités.

À travers des archives incroyables, des bouts de lettres, des extraits de journaux intimes, des films en Super 8, des aquarelles animées et des enregistrements sonores, elle raconte le chant à la maison et l’arrivée de la bossa-nova. Son mariage et sa relation compliquée avec João Gilberto. Ses doutes, ses angoisses… Les chansons qu’il lui vole, la lumière qu’il s’accapare. « Mon non disque est devenu l’album blanc de João », reconnaît-elle. Elle n’arrive pas à partir. Elle culpabilise…

Avec Liliane Mutti et Daniel Zarvos, on se promène un peu partout. Dans le Paris des sixties, dans le New York du début des années 70, mais aussi, surtout, dans une vie un temps triste et emprisonnée. « Le secret d’un mariage réussi, c’est de se séparer au plus vite », disait la souriante Miúcha, non sans humour. Heureusement, il y aura le saxophoniste Stan Getz, et le séducteur Tom Jobim. Des gens qui l’aideront à devenir une chanteuse professionnelle et à sortir de sa condition. L’histoire d’une voix terriblement suave et d’une interprète exemplaire et trop méconnue dans nos contrées de la chansons brésilienne. Irrésistible.

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