Titre - Miles Davis: Birth of the Cool
Genre - Documentaire
Réalisateur-trice - Stanley Nelson
Quand et où - Vendredi 18 octobre à 22 h 45 sur Arte
L’histoire de Miles Davis est celle d’un génie rongé par ses addictions et les discriminations. Mais c’était un vrai talent pur.
« La musique a toujours été comme une malédiction pour moi. J’ai toujours été motivé pour en jouer. C’est le plus important dans ma vie. J’y pense en me couchant, j’y pense en me levant. C’est toujours là. Ca passe avant toute chose. » Ainsi parlait Miles Davis du rapport qu’il entretenait avec son art et sa trompette. Né à Alton, dans l’Illinois, une petite ville le long du fleuve Mississippi, Miles a grandi dans une campagne américaine profondément raciste. Il avait beau avoir été élevé dans un milieu aisé, avoir été le fils d’un dentiste qui possédait une ferme avec du bétail et des cochons et avoir éclaboussé le monde du jazz de ses prodigieux talents, la fortune de son père et sa propre carrière ne l’ont pas protégé de la ségrégation et de la bêtise humaine.
Miles Davis, c’est un mec qui a toujours fait les choses à sa manière. Un musicien surdoué qui a appris la trompette en jouant le chant des oiseaux et les cris des animaux de la foret, puis en plongeant à New York dans le laboratoire du jazz moderne et dans les bouillonnants clubs de la 52e rue. « La plus grande émotion de ma vie, en gardant mes vêtements, fut ma rencontre avec Dix et Bird. » C’est-à-dire Dizzy Gillespie et Charlie Parker. Miles n’a alors encore que 18 ans.
Il existe un tas de documentaires sur le trompettiste visionnaire et toujours en mouvement, mais dit avec ses propres mots, la voix éraillée de l’acteur Carl Lumbly et les musiciens qui l’ont accompagné, certains de ses enfants et des femmes qu’il a aimées (son épouse Frances Taylor, Juliette Gréco), Birth of the Cool n’est pas un portrait comme les autres. Construit sur le rythme d’une partition de jazz (il faut par moments un peu s’accrocher), zoomant et se promenant plus souvent qu’à son tour sur de formidables photos, le film de Stanley Nelson jette un regard sans concession sur l’homme, sa vie et son œuvre, son rapport à la musique, à l’alcool, à la drogue et aux femmes. Il n’élude jamais les démons d’un type impénétrable, souvent taciturne et irascible, parfois injurieux et violent. « Il était en colère, anti-social. Mais souvent les inquiétudes et les démons sont les bases de l’art. Pour que l’art devienne un remède pour guérir. La musique lui a permis de montrer une part de lui qu’il ne pouvait pas montrer dans le monde réel. »
Carlos Santana, Herbie Hancock, Wayne Shorter ou encore Quincy Jones défilent. « Cool, branché, furieux, raffiné et ultra soigné. J’étais toutes ces choses et plus encore. Mais j’assurais à la trompette et j’avais un super groupe. Ma reconnaissance n’était pas due qu’à mon image de rebelle. » Un documentaire biographique comme on n’en fait que trop rarement.
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