Critique | Séries/Télé

Ce soir sur ARTE: Hallelujah!, c’est Leonard Cohen!

3,5 / 5
©Arte
3,5 / 5

Titre - Amen

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Dan Geller et Dayna Goldfine

Quand et où - Vendredi 20 septembre à 22 h 30 sur ARTE

L’album dont Hallelujah est extraite n’a pas été jugé assez bon pour le marché américain. Certains continuent de penser que le morceau est l’œuvre de Jeff Buckley. Et il ne cesse aujourd’hui de se faire massacrer dans les télécrochets.

Cette chanson est assurément le plus célèbre titre de Leonard Cohen. Et il l’a longuement obsédé. C’est l’une des anecdotes mythiques de l’Histoire du rock. Lorsque dans un café parisien, Cohen demanda un beau jour à Bob Dylan combien de temps lui avait pris la composition de sa chanson I and I, ce dernier affirma un quart d’heure, en exagérant sans doute un peu. Et quand le Zim posa la même question au sujet d’Hallelujah, le Canadien lui répondit: deux ans. Un petit mensonge en fait.

Leonard lui en a consacré pas moins de cinq. Cinq années à noircir des carnets et des carnets de strophes (le chiffre de 180 couplets est évoqué) avant d’arriver à une version qui le satisfaisait. La musique de nos vies, qui s’ouvre sur un extrait de son tout dernier concert, le 21 décembre 2013 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, retrace l’existence d’une chanson qui a marqué à jamais l’imaginaire collectif. Hallelujah représente à merveille un singer-songwriter qui entretenait une relation relativement compliquée avec Dieu.

Une partie de la chanson a un côté biblique et l’autre parle de la femme avec laquelle il a passé la nuit. Mais elle doit aussi son succès à la version épurée de John Cale. À celle de Jeff Buckley, qui n’aurait pas existé sans la cathédrale St. Ann de Brooklyn (“Jeff est devenu l’instrument de Leonard et il a transformé sa chanson”). Puis aussi à celle de Shrek, qui avait été enregistrée expressément par Rufus Wainwright mais à laquelle avait été préférée finalement la déclinaison de Cale. La version de Rufus se frayant, elle, un chemin jusqu’à la bande originale du film.

La chanson à la création longue et tortueuse sert de fil rouge au documentaire de Dan Geller et Dayna Goldfine. Mais, nourri par les propos de sa compagne, de son rabbin, de Judy Collins, de Joan “As Police Woman” Wasser, de journalistes, d’un ancien président de Columbia et de l’arrangeur de la version originale d’Hallelujah, il tient tout autant du portrait. Celui d’un poète, d’un romancier venu d’une famille juive privilégiée de Montréal. Celui d’un artiste en quête de spiritualité dont la principale préoccupation était de percer les mystères de la vie. “La longévité de ma carrière peut s’expliquer par le fait qu’il me faut quatre ou cinq ans pour réaliser un album”, plaisantait l’auteur, compositeur et chanteur ici résumé à travers des archives rares et des extraits de concerts. Leonard Cohen aurait fêté ses 90 ans le 21 septembre.

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