Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Arte: Ennio Morricone, le génial compositeur qui pensait que “la musique de film était une humiliation”

4,5 / 5
Ennio Morricone dans son bureau. © Le Pacte
4,5 / 5

Titre - Maestro Ennio Morricone

Genre - Documentaire

Quand et où - Dimanche 22 décembre à 22 h 50 sur Arte

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

À la base, Ennio Morricone se rêvait médecin. Mais son père, trompettiste dans des orchestres de jazz, lui a barré la route et l’a envoyé au conservatoire.

« Au début, je pensais que la musique de film était une humiliation. Et puis, petit à petit, j’ai changé d’avis. Je pense même aujourd’hui que la musique de film est de la musique contemporaine à part entière », expliquait Ennio Morricone. « Je vous nourris avec cet instrument. Tu feras la même chose avec ta famille », lui ordonna ce paternel économe qui a gardé sa trompette toute sa vie.

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Ennio Morricone était de son propre aveu nul en solfège. Il paraît même qu’il avait l’habitude de piquer un roupillon dans la fosse pendant les concerts. Du Bon, la Brute et le Truand à Cinéma Paradiso en passant par Le Clan des Siciliens, il n’en a pas moins marqué de son empreinte à jamais indélébile l’Histoire du cinéma, de la musique et de la culture populaire. Morricone, c’est 60 ans de carrière, quelque 500 musiques pour le 7e art et la télévision. Et 70 millions de disques vendus. 

« Travailler avec Morricone, c’était arborer une médaille », sourit Dario Argento.  « Le regarder à l’œuvre, c’est comme regarder un athlète« , embraie  Roland Joffé. Tandis que Paul Simonon (The Clash) encense ses talents pour créer un personnage avec un son, Clint Eastwood rigole en repensant à Pour une poignée de dollars. « Sa musique m’a rendu émouvant, ce qui n’est pas évident. »

Ce ne sont que quelques-uns des nombreux intervenants (Quincy Jones, Bruce Springsteen, Bernardo Bertolucci, Alessandro Alessandroni, Hans Zimmer, Quentin Tarantino, Mike Patton, James Hetfield, Zucchero…) passés alimenter ce docu maousse costaud de 2 heures et demie.

Réalisé par Giuseppe Tornatore dont le compositeur a mis deux films en musique (Cinema Paradiso et La Légende du pianiste sur l’océan), Maestro Ennio Morricone a été fabriqué en étroite complicité avec le principal intéressé peu de temps avant sa mort, le 6 juillet 2020, suite à une mauvaise chute à l’âge de 91 ans. Et il tient autant du portrait que de la master class.

Ensemble, ils racontent un homme mystérieux et sérieux. À la fois toujours lui-même et toujours un autre. Le compositeur, arrangeur et chef d’orchestre appelé pour sauver la RCA qui allait couler. Celui qui utilisait une machine à écrire comme instrument de musique (avec une vraie partition et jouée par un vrai interprète) et dont chacune des chansons contenait une idée nouvelle à une époque où les arrangeurs étaient d’un ennui mortel. « Il a inventé l’arrangement. Avant Morricone, ce n’était que de l’accompagnement. » Il évoque aussi, longuement forcément, sa relation artistique avec Sergio Leone, son vieux camarade de classe. Ses hommages à Bach et à Stravinsky… Avanti la musica!

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