Critique | Séries/Télé

Caddo Lake sur HBO Max: un thriller fantastique au cœur de l’Amérique des déclassés

3,5 / 5
Paris (incarné par Dylan O’Brien) est hanté par la mort accidentelle de sa mère. © DR
3,5 / 5

Titre - Caddo Lake

Genre - Thriller fantastique

Quand et où - HBO Max

Casting - Dylan O'Brien, Eliza Scanlen, Lauren Ambrose

Durée - 1 h 39

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

C’est M. Night Shyamalan qui produit Caddo Lake, un thriller roots et poisseux qui tend peu à peu vers une dimension fantastique aux accents consolateurs.

Situé sur la frontière entre le Texas et la Louisiane, le lac Caddo tire son nom d’une tribu indienne autochtone expulsée des lieux au XIXe siècle. Peuplé d’alligators, l’endroit, majestueux et très roots, borde la plus grande forêt de cyprès au monde. C’est là que Celine Held et Logan George (Topside, salué à Venise en 2020) ont choisi d’ancrer l’intrigue de leur deuxième long métrage scénarisé et réalisé en tandem. Produit par M. Night Shyamalan (qui n’a pas signé un aussi bon film depuis bien longtemps), Caddo Lake atterrit aujourd’hui sur la plateforme HBO Max sans passer par la case cinéma.

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Difficile de résumer les enjeux troubles de cette plongée poisseuse dans l’Amérique de la marge et des déclassés. Mais disons que la disparition mystérieuse d’une fillette de huit ans va faire se rencontrer les trajectoires meurtries d’un jeune homme obsessionnel (étonnant Dylan O’Brien, connu pour la série Teen Wolf et la trilogie Maze Runner), hanté par la mort accidentelle de sa mère, et d’une jeune femme intranquille (solide Eliza Scanlen, appréciée dans Babyteeth de Shannon Murphy et le Little Women de Greta Gerwig), à l’existence marquée par l’absence d’un père évaporé dans la nature. Alors qu’un alligator est retrouvé tranché en deux, on signale la présence inexpliquée de loups autour du lac. Parti sur des bases ultra réalistes, le film tend alors peu à peu vers une dimension fantastique qui brouille les repères et les époques, emprisonnant ses deux protagonistes dans un véritable labyrinthe à ciel ouvert au fil d’Ariane ténu mais bien réel…

Noué autour de l’histoire douloureuse d’une famille brisée, ce thriller atmosphérique fait du motif de la disparition une espèce de trouée tragique dans le continuum temporel, ouvrant vers une idée de circularité. La nature sauvage, à l’indifférence piégeuse, y fait office de personnage à part entière. Hanté par la perte, le deuil et l’abandon, le film s’appuie sur un très bon casting (au sein duquel on retrouve notamment avec beaucoup de plaisir Lauren Ambrose, qui incarnait le personnage de Claire Fisher dans la série Six Feet Under) et une musique puissamment anxiogène pour imposer son ambiance pesante et électrique, saturée de tensions, où s’immisce un surnaturel aux accents consolateurs. Mixant divertissement et authenticité, sens du spectacle et attention particulière au quotidien cabossé d’une certaine Amérique profonde, Caddo Lake a tout pour plaire aux amateurs de films de genre mais aussi aux aficionados d’un cinéma indépendant US soucieux d’inscrire ses préoccupations sociales loin des grandes agglomérations (façon Mud de Jeff Nichols ou Joe de David Gordon Green).

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