Bang Bang Baby

Remarquée lors du récent festival Canneseries, la première série originale transalpine de la plateforme Amazon Prime Video s’inspire lointainement d’une histoire vraie pour chroniquer le passage à l’âge adulte assez brutal d’Alice (la très prometteuse Arianna Becheroni), une adolescente timide et mal dans sa peau, dans l’Italie des années 80. Découvrant par accident que son père, mafieux milanais qu’elle croyait avoir vu se faire tuer alors qu’elle n’était qu’une enfant, est encore en vie, la jeune femme ouvre en effet subitement les yeux sur toute une réalité insoupçonnée, celle du crime organisé, dont elle devient dans la foulée la plus jeune représentante locale par pure loyauté filiale… Originalité (hélas, surtout de façade): cette plongée sombre et parfois violente dans le milieu de la pègre joue la carte du contrepied visuel assez radical, avec une esthétique pop et colorée, voire carrément bubblegum, qui convoque aussi bien un univers mental propre à l’adolescence qu’un amour immodéré pour le kitsch outré des années 80. Éclairage aux néons, publicités d’époque, pastiches de sitcoms à l’ancienne, B.O. juke-box enthousiasmante (Echo and the Bunnymen, Talking Heads, Blondie, Wham!, Talk Talk)… Bang Bang Baby porte bien son nom, qui cherche en permanence le petit coup de kick explosif et pailleté. Mais, à toujours tendre vers la stylisation, la série, très en surface, multiplie les tics formels un peu à vide et oublie de creuser ses personnages et ses situations. Si la caméra est toujours en mouvement, l’énergie qui guide l’ensemble apparaît trop souvent factice. Bang Bang Baby ne manque pourtant ni d’ambition ni de bonnes idées. Mais elle les empile de manière trop désordonnée et immature pour convaincre totalement. Un semi-échec ou une semi-réussite, donc, c’est selon.