A ne pas manquer à la télé ce soir: une comédie givrée et une série française
La comédie « givrée » Yves sur la Trois ou la série Citoyens clandestins sur Arte? Focus vous donne ses choix télé du jour.
Yves ***(*)
Jeudi 21 mars à 23 h 05 sur La Trois.
Comédie de Benoît Forgeard. Avec William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine. 2019.
Dans la foulée de l’anarchisant Gaz de France, plongeant avec beaucoup d’absurdité dans les arcanes d’un Élysée conquis par un chansonnier en roue libre, Benoît Forgeard imagine en 2019, dans Yves, la naissance d’une relation privilégiée entre un rappeur flemmard et un frigo intelligent. Censé lui simplifier la vie, ce dernier va surtout lui ouvrir grand les portes de la gloire en remixant en mode maximaliste ses titres mollassons sinon voués à l’insuccès… Parti sur ces bases résolument givrées, le film tient étonnamment la distance, multipliant avec bonheur les punchlines de rap rigolard tout en posant les bases d’une véritable guerre (froide) entre l’homme et la machine. À mille lieues de toute considération technophobe, Forgeard a le bon goût de toujours privilégier le doux délire et l’étrangeté, voire la poésie et l’émotion vraie, allant jusqu’à érotiser dans l’outrance assumée l’univers électroménager sans pour autant faire l’impasse sur d’authentiques questions de société. – N.C.
Citoyens clandestins ***
Jeudi 21 mars à 20 h 55 sur Arte.
Série créée par Laetitia Masson. Avec Raphaël Quenard, Nailia Harzoune, Gringe.
Dans la sidération d’un monde tout juste secoué par le 11 septembre, la menace terroriste hante la France, alors que pointent les échéances présidentielles de 2002. Plusieurs figures croisent leurs destins dans un récit choral aux enjeux floutés et aux quêtes découpées comme une planche de BD: Fennec, le militaire infiltré dans une cellule terroriste, Amel, la journaliste fatiguée des pages de mode et qui veut à tout prix se reconvertir dans l’enquête, le colonel Montana, qui hante les missions des services secrets, ou Lynx, le mercenaire à l’identité double. Tous gravitent autour de la possibilité d’un attentat aux ramifications opaques, perpétré sur le sol français.
Adaptant le roman de DOA, Laetitia Masson se prend au jeu d’une écriture hachée avec un montage ambitieux dont on devine le désir impressionniste et parano, mais qui laisse paradoxalement ses personnages rivés à leurs stéréotypes, coincés dans l’éprouvette de représentations datées. Pourtant, l’atmosphère est prometteuse, menée par Raphaël Quenard en accalmie trompeuse, soldat de l’ombre, poète geek et psychopathe. Les dialogues lointains entre les différents arches semblent indiquer une résolution ambitieuse et tiennent en haleine, mais peinent à dépasser le statut de tranches de vies. On attendra encore avant de voir une fiction se hisser à la hauteur de l’ombre de ces années-là, qui ont dressé les piliers des désaccords et conflits actuels. – N.B.
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