Sur le point d’être inculpé pour agression sexuelle, l’acteur Kevin Spacey diffuse une vidéo étonnante

Kevin Spacey © AFP

L’acteur américain Kevin Spacey, accusé par plusieurs hommes d’agressions sexuelles, va être formellement inculpé pour la première fois début janvier, pour attentat à la pudeur contre un adolescent en juillet 2016 près de Boston.

Le procureur de l’île de Nantucket (nord-est), très prisée des célébrités l’été, enquêtait depuis novembre 2017 sur cette agression présumée. La mère de l’adolescent, la journaliste Heather Unruh, venait de révéler avoir porté plainte contre l’acteur.

Selon le bureau du procureur Michael O’Keefe, l’ex-star de la série « House of Cards » sera formellement inculpée le 7 janvier à Nantucket d' »attentat à la pudeur » et de « coups » après la validation d’une plainte au pénal contre lui le 20 décembre par un juge local.

L’acteur de 59 ans a été accusé par plusieurs autres hommes d’agression depuis le début du mouvement #MeToo en octobre 2017 et est depuis persona non grata à Hollywood.

L’annonce de cette inculpation intervient alors que l’acteur a mis en ligne lundi sur YouTube une vidéo de trois minutes intitulée « Let me be Frank » (Laissez-moi être Frank), jeu de mot entre « frank » qui se traduit par « franc » et le nom de son personnage de président criminel et glaçant dans « House of Cards », Frank Underwood.

En reprenant la même élocution que cet homme politique cynique prêt à tout pour défaire ses adversaires, l’acteur évoque les actions et manigances du personnage tout en insinuations, au point qu’il semble évoquer les accusations contre lui-même dans la réalité.

Il s’adresse directement au spectateur, comme dans un épisode de « House of Cards ».

Message sibyllin

Filmé dans une cuisine, vêtu d’un tablier imprimé de Pères Noël, Kevin Spacey –qui avait disparu de la circulation depuis les premières accusations contre lui il y a plus d’un an– laisse entendre dans cette vidéo qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on dit sur lui.

« Si je n’ai pas payé pour les choses dont nous savons tous les deux que j’ai faites, je ne vais certainement pas payer pour les choses que je n’ai pas faites », lance-t-il notamment en s’adressant au téléspectateur.

Avant d’ajouter de façon sibylline que ses fans rêvant de le voir revenir à l’écran sauront bientôt « toute la vérité ».

Contacté par l’AFP, Netflix s’est refusé à tout commentaire. Et des représentants de l’acteur n’ont pas réagi dans l’immédiat.

Lors d’une conférence de presse en novembre 2017, la mère du jeune homme qui affirme avoir été agressé avait indiqué que son fils, alors âgé de 18 ans et fan de Kevin Spacey, avait rencontré l’acteur dans un bar-restaurant de la station balnéaire près de Boston.

L’acteur avait, selon elle, poussé son fils à boire alors même qu’il n’avait pas l’âge légal de 21 ans, avant de lui « fourrer la main dans le pantalon et d’attraper ses parties génitales ».

L’agression avait continué jusqu’à ce que l’acteur s’absente pour aller aux toilettes, avait raconté Mme Unruh. Une femme était alors venue à la rescousse du garçon, visiblement troublé, et lui avait dit de partir en courant, ce qu’il avait fait, selon la mère.

Mme Unruh avait expliqué que son fils n’avait pas porté plainte sur le moment, « essentiellement par gêne et par peur ». C’est seulement lorsque d’autres plaintes contre l’acteur avaient émergé, dans le sillage des accusations contre le producteur de cinéma Harvey Weinstein, qu’il s’était décidé à parler.

Autres plaintes

Les médias britanniques ont fait état il y a plusieurs mois d’une enquête criminelle pour agressions sexuelles contre Kevin Spacey à Londres, où l’acteur a dirigé pendant onze ans le théâtre du Old Vic. Mais à ce jour, aucune inculpation n’a été rapportée.

La police de Los Angeles a aussi indiqué enquêter sur une plainte déposée en août contre l’acteur, après avoir clos un autre dossier dont les faits présumés, qui remontaient à 1992, étaient prescrits.

L’acteur fait aussi l’objet de plaintes au civil.

Après les premières accusations, celui qui a été récompensé à deux reprises aux Oscars pour ses rôles dans « Usual Suspects » (1995) et « American Beauty » (1999) –où il excellait dans le maniement d’une subtile ambiguïté– avait été débarqué par Netflix de « House of Cards » dont il tenait le premier rôle.

Dans la dernière saison et épilogue de la série, sortie en novembre, son personnage Frank Underwood a disparu: il est mort dans son sommeil.

« Maintenant que j’y pense, vous ne m’avez en réalité pas vu mourir », dit Kevin Spacey dans sa vidéo, avant de conclure énigmatiquement après une légère pause: « Les conclusions peuvent être si trompeuses. Je vous manque? ».

L’acteur a également été effacé du dernier film de Ridley Scott, « Tout l’argent du monde », où ses scènes ont été re-tournées in extremis par Christopher Plummer.

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