Titre - Fils de bâtard
Mise en scène - Emmanuel De Candido
Compagnie - Compagnie MAPS
Date - Jusqu'au 24/02
Lieu - au Théâtre de Poche, Bruxelles
Casting - Avec Emmanuel De Candido
Parti sur les traces de son père à l’existence « dingue« , Emmanuel De Candido dresse dans Fils de bâtard au final le portrait touchant de sa mère, héroïne discrète.
C’est l’histoire d’un mec qui cherche son père et au final retrouve sa mère. C’est l’histoire de voyages lointains pour trouver tout près ce qu’on cherchait. C’est l’histoire de Fils de bâtard, un spectacle qui n’a pas pris la tournure escomptée, un spectacle à la gestation active de sept ans. Fils de Bâtard, c’est l’histoire d’Emmanuel De Candido, comédien et metteur en scène (compagnie MAPS, Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon?). Emmanuel, fils de la balle, comme on dit au Congo. D’une balle presque perdue, celle d’un père qui eut mille vies, tour à tour “colonel d’aviation, chef d’expédition, gestionnaire en terre agricole… puis psychologue bio-énergéticien”. Un père de sept autres enfants, d’une autre femme, dans une autre maison quatre façades, aussi. Un père autorisé par cette famille à être présent dans la vie d’Emmanuel, parfois. Bref, Emmanuel est un bâtard. Un jour, il décide de partir à la recherche du père mort depuis quinze ans. Son père lui a laissé trois cartes des pays où il a travaillé: le Congo, l’Antarctique, la Libye. Emmanuel part à sa recherche pendant sept ans et creuse le sillon d’un spectacle sur le (dé)colonialisme, le patriarcat, l’écocide… Mais ce que l’histoire dit finalement c’est que dans le quotidien d’Emmanuel, il y a sa mère, célibataire, ancienne infirmière, battante, humour vif, vie franche et attachement sensible. Une mère atteinte d’un cancer rare, lentement évolutif. Une mère qui aurait voulu une euthanasie qui faute d’accompagnement humain sera empêchée. Ah oui! Entre-temps, Emmanuel a eu un fils, petit Koala.
Bref, l’histoire de Fils de bâtard, c’est surtout ça. Le chemin d’un fils vers sa mère et du “comment tout recommencer”. Parce qu’en filigrane, il y a cette question posée par petit Koala en amorce de spectacle: “Dis, papa, est-ce qu’on peut recommencer?” Recommencer à vivre, et puis recommencer à faire danser la vie pour accompagner nos morts. Des morts présents sur scène, tout comme l’euthanasie. Un thème que François Sauveur avait abordé lui dans En attendant le jour: le comédien et musicien y évoquait cette euthanasie que pratiquait son père. “C’est pour ça qu’Emmanuel s’est adressé à moi, nous glisse François, quand on l’interroge sur le spectacle dont il a composé les musiques (avec Pierre Constant). J’ai trouvé dans le texte les lieux où la musique pouvait être adjuvante, accompagnante.” Et au plateau, la musique est là, avec la sublime Orphise Larbarbe au chant, guitares, sons.
Le plateau? Un sol blanc, relevé en fond de scène. Une table en formica et deux chaises blanches. Orphise côté jardin, Clément Papin -à la création lumière et à la régie- côté cour. Un micro devant Emmanuel, corps souple, voix profonde. Un peu explicatif et prévisible peut-être. Mais c’est le début. Au fil de la narration, la musique se fait de plus en plus présente. L’onirisme gagne, sensible, à coups de détails évocateurs, combinaison polaire et moufles par-ci, bison géant (le père d’Emmanuel, c’était “Colonel Bison”…) par-là, sur ce plateau blanc qui s’enhardit de la terre (des cendres?). La voix d’Emmanuel se fait chant à la lisières du slam, sans le singer. Les voyages d’ailleurs, scénographiés en toute banalité, sont pâles face aux voyages d’ici, forts et vivants, dans un hôpital et les rues de Bruxelles. Puis, le corps d’Emmanuel multiple et muet dira sublimement la vie d’une mère célibatante. Enfin, voix retrouvée et final musical, il y aura Emmanuel, homme, père, et fils. Attendu? Peut-être. Parlant et troublant, pourtant.
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