Samuel Maoz, loin d’être une première

Ce mercredi 17 mars sort au cinéma Lebanon de Samuel Maoz. Le premier long-métrage du metteur en scène israélien a remporté le Lion d’or à Venise. Il n’est pas le seul à avoir été sacré de la sorte…

Ce mercredi 17 mars sort au cinéma Lebanon de Samuel Maoz. Le premier long-métrage du metteur en scène israélien a remporté le Lion d’or à Venise. Il n’est pas le seul à avoir été sacré de la sorte…

Lebanon conte l’histoire de quatre soldats qui vivent la guerre du Liban dans leur char. Samuel Maoz s’inspire de sa propre histoire personnelle pour le film. Avec une mise en scène inventive et une histoire prenante, le téléspectateur risque bien de rester scotcher sur son siège. Les seuls regrets à émettre sont parfois un message trop manichéen en ce qui concerne les Phalangistes et une ou deux scènes peut-être trop gratuites. Mais le résultat est là, Maoz offre une oeuvre réussie et possédant assez d’arguments que pour séduire un jury de festival.
C’est ce qui s’est passé à Venise et le metteur en scène est reparti avec la récompense la plus importante, le Lion d’or. Son premier film était ainsi consacré comme le meilleur.

Mais Samuel Maoz est loin d’être le premier à qui cela arrive. A Venise, depuis 1948, date à laquelle le Lion d’or est remis, trois autres cinéastes peuvent se targuer d’avoir réussi le même coup.
En 1990, le dramaturge britannique Tom Stoppard réalise son unique film à ce jour: Rosencrantz & Guildenstern sont morts. L’oeuvre est tiré de la pièce de théâtre qu’a écrite Stoppard. Quatre ans plus tard, Milchor Manchevski gagne la précieuse statuette pour le film Before The Rain qui raconte trois histoires sur un fond de conflit ethnique et religieux. Le festival consacrera un autre jeune cinéaste. Le russe Andreï Zviaguintsev partira avec le Lion d’or pour son film Le retour. L’histoire de deux jeunes adolescents qui ont grandi sans leur père. Ce dernier réapparaît soudainement après plus de dix ans. Enfin, 2009 a consacré Samuel Maoz. La Mostra de Venise est le plus ancien festival cinématographique au monde.

Les autres grands festivals ne sont pas en reste non plus. Cannes a déjà récompensé trois cinéastes. Mais pour cela, il faut remonter aux débuts du festival. En 1947, le jury récompense 11 films. Parmi ceux-ci, La ville basse de Chetan Anand, cinéaste indien. A l’époque, la Palme d’or n’était pas encore distribuée et la récompense s’appelait  » Le Grand Prix du festival ». C’est en 1954 que la Palme fait son apparition. Une année plus tard, Delbert Mann est récompensé pour son film Marty. L’histoire est celle d’un boucher qui tombe amoureux d’une femme. Mais la famille de celui-ci va tout faire pour les séparer. Enfin, en 1961, Henri Colpi est récompensé pour son oeuvre Une aussi longue absence ou l’histoire d’une jeune femme qui croit reconnaître son mari dans la rue alors qu’il a été déporté quinze ans plus tôt. Cela fait donc près de cinquante ans que Cannes n’a plus récompensé le premier film d’un cinéaste.

La Berlinale joue avec Venise une politique de cinéma d’auteur. Cannes peut se vanter de la même chose mais va essentiellement chercher des cinéastes ayant obtenu une notoriété. Berlin et Venise jouent plus sur la sélection de cinéastes moins reconnus. La capitale allemande a également une dimension politique très importante dans le choix de ces films, essentiellement dans les catégories parallèles. Le festival de Berlin est celui qui a été le plus généreux avec les premiers films de jeunes cinéastes. Organisé depuis 1951, il faut attendre 1957 pour voir la première oeuvre d’un cinéaste récompensée. Et non des moindres… Il s’agit de Douze hommes en colère de Sidney Lumet dans lequel un jury de douze hommes doit décider de la culpabilité ou non d’un jeune accusé. S’il est déclaré coupable, il sera condamné à la peine de mort. Cinq ans plus tard, c’est John Schlesinger qui obtient la même consécration avec Un amour pas comme les autres.
En 1969, le cinéaste Zelimir Zilnik remporte l’Ours d’or pour Travaux précoces. Le festival commence timidement une politique de récompense de films venus de pays qui arrivent plus confidentiellement dans nos contrées. Le début des années 80 consacrent un cinéaste américain, Richard Pearce, pour Heartland et un Britannique, Edward Bennett pour Ascendancy. 1988 permet la révélation du metteur en scène chinois Zhang Yimou dont les films dépassent les frontières de son pays en terme de renommée. Le sorgho rouge est récompensé et la carrière du jeune cinéaste lancée. Il faudra attendre près de vingt ans avant de voir un novice l’emporter. 2005 est l’année du cinéaste sud-africain Mark Donford-May pour son oeuvre Carmen de Khayelitsha. Sarajevo, mon amour de Jasmila Zbanic est remporte l’Ours d’or une année plus tard. En 2008, Troupe d’élite, film brésilien de José Padilha connait le même succès.

Les Oscars n’ont pas non plus été ingrats envers leurs cinéastes. En 1956, Delbert Mann rentre dans l’histoire en devenant le premier metteur en scène à remporter l’Oscar pour un premier film. Mais c’est surtout grâce à son doublé que cela arrive puisqu’il avait remporté en 1955 la Palme d’or pour la même oeuvre. Il est le seul avec Billy Wilder et Roman Polanski à avoir eu cet honneur.
West Side Story rentre également dans cette catégorie. Ce n’est certainement pas le premier film de Robert Wise mais on a tendance à oublier qu’il a été réalisé avec Jerome Robbins. Ce dernier en était à son premier film…
Presque vingt ans plus tard, en 1981, le ténébreux Robert Redford, plus connu pour ses performances devant une caméra obtient la statuette du Meilleur film pour Des gens comme les autres. Une année plus tard, c’est Hugh Hudson et Les chariots de feu qui obtiennent le même privilège. Les années 80 ont été généreuses puisque James L. Brooks s’ajoute à la liste avec Tendres passions.
1991 marque l’année de la consécration pour Kevin Costner. Son Danse avec les loups déchaîne les passions et les Oscars le récompensent avec sept statuettes dont celles du Meilleur film et du Meilleur réalisateur.
Enfin, c’est une autre oeuvre culte qui est récompensée en 2000. Sam Mendes offrait avec American Beauty une formidable comédie satirique sur la vie d’une famille américaine moyenne. Véritable critique de cette société, le cinéaste a depuis confirmé son talent avec le très bon Jarhead.

Beaucoup des films de ces jeunes réalisateurs n’ont pas eu un impact retentissant lors de leurs sorties en salles. Si les Oscars sont ceux qui récompensent des oeuvres orientées vers un plus large public, les trois autres festivals attribuent leur prix à des films d’auteur, généralement plus confidentiels et beaucoup moins susceptibles de déplacer les foules. On ne peut toutefois que souhaiter à Samuel Maoz et aux autres futurs jeunes vainqueurs de connaître un succès tant critique que public…

Quelques bandes-annonces:

Lebanon de Samuel Maoz

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Douze hommes en colère de Sidney Lumet

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Marty de Delbert Mann

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Le retour d’Andreï Zviaguintsev

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Les chariots de feu de Hugh Hudson

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Benoît Ronflette (Stg)

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