Salade grecque: pourquoi la suite de l’Auberge espagnole surprend et séduit
Malgré quelques défauts, Salade grecque, la suite officielle de la fameuse trilogie klapischienne initiée avec L’Auberge espagnole, surprend et séduit.
On avait un peu peur à l’idée d’une suite sérielle à la trilogie dite “de L’Auberge espagnole” (lire l’interview ici). Loin de vouloir contester le statut de film générationnel (et de générateur de séjours Erasmus pour la population estudiantine européenne) du film de Cédric Klapisch, on se permet, à la vue de la qualité toute relative de ses suites (surtout la dernière, Casse-tête chinois), de douter de la nécessité d’un retour dans ce qu’on appellera audacieusement le XCU (le Xavier Cinematic Universe, pardi).
En parlant de Xavier, que les fans se rassurent: Romain Duris rempile et apparaît bien dans son rôle iconique dès le premier épisode de Salade grecque, tout comme sa désormais ex-compagne Wendy (Kelly Reilly).
Mais c’est à leurs enfants, Mia et Tom, que cette suite s’intéresse: le père de Wendy vient de mourir et Tom apprend qu’avec sa sœur cadette Mia, ils héritent d’un immeuble que leur grand-père possédait à Athènes. Tom s’envole alors pour la capitale grecque. Pour l’héritage, et pour retrouver sa sœur Mia, étudiante Erasmus sur place pour l’année.
Les (ex-)héros sont fatigués, et Xavier vit désormais dans une maison de banlieue pépère. Dans son rôle de papa, il est un peu perdu. Passé l’amusement de le voir devenu le genre de parent lourdaud qu’il détestait plus jeune, on craint que nos doutes ne se confirment: l’intrigue, sur fond de paperasse administrative complexe et de mensonges familiaux, est un brin tarabiscotée.
Une série politique?! Mais c’est évidemment de la jeunesse que va venir le salut. La série se veut moderne et de son temps, alors ici on coche toutes les cases -à croire qu’il y avait une liste dans la writers room: la crise migratoire, la transidentité, les violences faites aux femmes…
Sans parler de l’opposition entre Tom, futur CEO d’une start-up prometteuse, et Mia, militante radicale, ici décrite de manière assez grossière et caricaturale (droite macroniste vs. extrême gauche mélenchoniste, en gros?). Doux Jésus, en tentant de renouveler le Xavier-verse, Klapisch et sa bande de jeunes scénaristes recrutés par lui-même ont-ils fait de la suite de la trilogie de L’Auberge espagnole une série… politique? Pardon pour le gros mot.
Peut-être se moque-t-on parce qu’on est, comme Xavier, déjà du côté des “vieux”. Car au fil des épisodes, qu’on binge éhonteusement, avouons qu’on s’attache à ces nouveaux personnages volontaires et touchants, qui la jouent collectif avant tout. Et comme jadis, on rit aussi: lors du grand repas familial, où Tom relance une version soft de Festen (ou de Fleabag saison 2), ou lorsque est perpétué le running-gag des apparitions de philosophes (pas d’Érasme cette fois, mais plutôt Plutarque et Socrate). C’est peut-être cela, un bon divertissement populaire.
Salade grecque ***1/2
Une série créée par Cédric Klapisch, Avec Aliocha Schneider, Megan Northam, Romain Duris. Disponible Sur Prime Video.
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