Adeline Dieudonné, L'Iconoclaste
Reste
270 pages
M. est mort. Un accident. Il s’est noyé dans le lac jouxtant le chalet de montagne où il séjournait avec sa maîtresse. Ne pouvant se résoudre à quitter cet homme avec lequel elle entretient depuis huit ans une relation secrète idyllique, elle décide de fuir avec le cadavre et d’écrire à sa femme pour lui annoncer l’effroyable nouvelle, pour tenter aussi d’expliquer ce kidnapping post- mortem et surtout pour se confier à celle qu’elle aime sans l’avoir rencontrée, “parce que M. vous aimait”. Au fil d’une errance chaotique sur les routes de la région, elle revient ainsi sur les grands chapitres de sa vie sentimentale. Et en particulier sur ses deux premières histoires sérieuses, quand elle acceptait encore un peu trop facilement la soumission. Même si la tension est palpable, on est loin de l’étrangeté suffocante de La Vraie Vie. Adeline Dieudonné règle ses comptes avec le patriarcat, le mariage, la maternité. Non sans panache mais dans un registre féministe et mélodramatique plus conventionnel. Mais c’est pour mieux nous surprendre quand le chagrin, la confusion, l’épuisement et les souvenirs amers d’avant M. poussent la narratrice vers une étrange guérisseuse vivant au fond des bois. On retrouve alors cette plume haletante et tranchante qui donne à cette flamboyante déclaration d’amour des accents fantastiques jouissifs.
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