Raiponce, quand Disney court après sa gloire d’antan

© DR

Cinquantième film d’animation des studios Disney, « Raiponce » est un hybride tentant maladroitement de mettre le conte de fées au goût esthétique du jour.

Saluée de toutes parts, l’arrivée de John « Pixar » Lasseter à la tête des départements créatifs des studios Disney était perçue, par les observateurs, comme le gage du renouveau de l’auguste maison. Un sentiment conforté après deux longs métrages, Volt et La Princesse et la grenouille, venus démontrer pour l’un que les héritiers de l’oncle Walt avaient enfin rattrapé le train de l’animation en images de synthèse et de la 3D, pour l’autre qu’ils connaissaient toujours leurs classiques, exécutés avec une maestria jamais égalée.

Disney à la pêche aux canards

Il faut malheureusement déchanter à la vision de Raiponce, le cinquantième film d’animation des studios. Inspiré, comme Blanche-Neige et autre Cendrillon, d’un conte des frères Grimm, le film habille sa trame de la désormais obligatoire 3D, mise au service d’une esthétique d’un goût douteux. Pour tout dire, Raiponce, la figure centrale du récit, semble plutôt sortie d’un stand de pêche aux canards de la foire la plus proche que de l’imaginaire d’animateurs inspirés.

Classique, son histoire avait pourtant des arguments pour séduire, à défaut de surprendre. Soit une princesse, tôt arrachée à l’attention de ses parents par Gothel, une mégère désireuse d’être la seule bénéficiaire des vertus magiques de sa blonde chevelure, toison à même de guérir les blessures, mais plus encore de garantir la jeunesse éternelle.

Séquestrée dans une tour isolée, et ignorant tout du vaste monde, Raiponce reçoit, à la veille de ses 18 ans, la visite de Flynn Rider, brigand imprudent s’étant aventuré dans les parages. S’ensuit une association de circonstance, qui les verra affronter une multitude de dangers et de personnages hauts en couleurs: jumeaux patibulaires et cheval n’aimant rien tant que faire régner l’ordre, parmi d’autres.

Dommages collatéraux

Toute ressemblance avec d’autres productions maison n’est de toute évidence nullement fortuite, Raiponce recyclant diverses figures ayant fait la légende du studio. Le problème réside moins là, cependant, que dans une facture hybride venue rappeler l’époque funeste où, de Atlantis à Treasure Planet, Disney semblait courir après sa gloire passée autant qu’après la concurrence.

Si un incontestable savoir-faire, des personnages secondaires savoureux et quelques élans magiques permettent à cette énième princesse de sauver les apparences, on serait bien en peine de retrouver ici trace des acquis de l’ère Lasseter. La maison-mère plus que jamais à la recherche de son âme, et Pixar rentabilisant son fond de commerce (Toy Story 3, soit, mais qui une suite à Cars peut bien intéresser?), on est en droit de se demander si, un peu hâtivement présentée comme une opération win-win, l’association des deux géants de l’animation n’a pas engendré plus de dommages collatéraux que de réels bénéfices artistiques…

Rapunzel (Raiponce), film d’animation de Nathan Greno et Byron Howard, avec les voix françaises de Romain Duris, Maeva Méline, Isabelle Adjani. 1h41.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Jean-François Pluijgers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content