Lester Bangs, éditions Tristram/Souple Deluxe
Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués
576 pages
Les éditions Tristram republient un recueil d’écrits de Lester Bangs, l’un des plus sulfureux rock-critics américains.
Ah, Lester Bangs… Ce qu’on préfère, chez lui, c’est quand il se livre -il est d’ailleurs l’auteur de ce fameux début de papier: « Ceci étant un article consacré à Richard Hell, il paraît manifestement approprié que je commence par parler de moi. » Pardon, on n’a pas pris la peine de faire les présentations. Mais est-ce vraiment nécessaire? Bangs est certainement le plus célèbre des rock-critics. Sa fougue face à sa Remington n’a d’égale que sa propension à digresser avec passion et franchise sur le rock et ses héros. Il roule des mécaniques, en fait des tonnes, mais comme on l’affirmait plus haut, ce qu’on plébiscite, ce sont ces phrases d’une sincérité désarmante: « Moi-même, j’ai toujours voulu imiter le pire enfoiré autodestructeur du coin, aussi longtemps qu’il agissait avec une certaine classe. D’où Lou Reed. » Et de poursuivre avec une mémorable tentative d’interview en forme de chemin de croix de son Lou adoré, alors au sommet de son antipathie.
Une autre affliction fut la traduction de cette sorte de « Best-of volume 1 » de la production « bangsienne » (suivra Fêtes sanglantes & mauvais goût): même le grand Philippe Garnier préférera décliner (via une carte postale de Sicile). C’est grâce à Jean-Paul Mourlon qu’on put enfin lire en français, en 1996, la prose délirante de feu Lester Bangs (1948-1982). Sa vie fut météorique (il mourut à l’âge du Christ), mais voilà ses saintes écritures rééditées ! Alors à nous sa clairvoyance sur Elvis (avec, passés ses débuts si excitants, son « marketing de l’ennui »), ses éloges des Stooges et des Troggs et autres groupes « éclatant la gueule du silence »… Et, surtout, cette écriture d’une liberté insensée.
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