Puzzle gore

Proche des films et séries US volontiers gore ou labyrinthiques, cette minisérie française crée la surprise et l’addiction. Malgré les mouches et l’odeur.

Il faut toujours se méfier des types qui rêvaient de devenir médecin-légiste quand ils étaient ados: les uns deviennent des chroniqueurs de BD frénétiques, les autres deviennent scénaristes de séries débordant de cadavres, de larves et de produits détachants. Ainsi Gaet’s, auteur de ce RIP prévu en six tomes, qu’on n’avait pas vu venir, mais qui compte désormais sa fan base alors que la minisérie centrée sur une bande de nettoyeurs de scènes de crime vient de passer le milieu de son gué. Il y a d’abord eu Derrick, l’apparent chef de cette troupe. Des mauvaises dents, une sale vie, une femme triste… Derrick survit avec ce boulot misérable et très odoriférant, qui veut que les nettoyeurs peuvent prendre et se payer avec ce qu’il reste sur place, quand il reste quelque chose. En l’occurrence une bague, qui n’a pas fini de nous surprendre. Puis il y a eu Maurice, son collègue, qui n’a pas toujours ramassé les cadavres. Il en produisait, quand il était monsieur Marcello Camperetti. Puis il y a eu Ahmed, entomologiste discriminé, et bien décidé à grimper dans la hiérarchie des flics scientifiques. Et désormais il y a Albert. Le plus discret jusqu’ici, mais en réalité le plus timbré: le petit Albert est fou amoureux de Dolorès, qu’il couvre de cadeaux et de mots d’amour. Sauf que Dolorès est morte, et a priori pas tout à fait d’accord de se réincarner dans le corps d’une autre…

Puzzle gore

Glauque

Six albums. Six prénoms. Six personnages, parfois secondaires, parfois principaux, dont chaque album porte la voix off et le vécu personnel, généralement torturé. Et six morceaux d’un puzzle qui ne se révélera qu’une fois la dernière pièce mise en place. Et il y a gros à parier que cette pièce tiendra dans la dernière case du dernier album, tant le duo aux commandes de ce RIP semble affectionner les « cliffhangers », les fausses pistes et les coups de théâtre. Une écriture et un univers sordide et pop qui doivent davantage aux séries télé et au cinoche qu’à la BD, comme Gaet’s et Julien Monier nous l’ont expliqué lord d’un passage éclair à Bruxelles il y a quelques jours:  » Toute l’ossature du récit a été mise en place dès le tome 1. On s’arrêtera donc bien à six, parce qu’on aime bien les séries qui se terminent, et que notre histoire a une fin. Mais rien n’empêche qu’on se retrouve pour d’autres récits, dans d’autres univers que celui-là, tout de même assez glauque: on doit être un peu choquants pour ceux qui achètent le dernier Astérix à la caisse de leur grand magasin. »

RIP – T. 4: Albert

De Gaet’s et Monier, éditions Petit à Petit, 112 pages.

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