Critique | Gaming

Watch Dogs 2, la guerre des boutons

Watch Dogs 2 © Ubisoft
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Instantané du diktat des réseaux sociaux et de l’Internet des objets, Watch Dogs 2 ne rivalise pas avec GTA V. Mais le taquine tout de même.

Vitrioler l’Amérique contemporaine est une spécialité de Gran Theft Auto. Mais le cinquième volet du jeu phénomène se plantait lorsqu’il parodiait Facebook sur une de ses missions. Suite d’un premier épisode qui prédisait l’avènement de l’Internet des objets, Watch Dogs 2 se montre autrement plus doué lorsqu’il s’agit de malmener la dictature grandissante de la Silicon Valley. Les hackers dont il suit le combat contre un système d’exploitation urbain et une corporation tentaculaire ne changent certes pas la donne depuis le précédent volet. Mais l’open world glisse ce propos lourd de sens dans ses ressorts ludiques avec plus de maturité.

Partir à la chasse aux followers est une question de survie pour Dedsec. Ce groupe de pirates inspiré d’Anonymous a en effet besoin de ce butin de guerre pour pousser des gens à télécharger l’appli qui l’aidera à gonfler sa puissance d’attaque informatique. Voler le coupé très K-2000 d’un nanar hollywoodien pour un rodéo en ville, taguer des étrons sur une affiche d’un pseudo Donald Trump, voler deux millions de dollars au sosie de Martin Shkreli, sur le point d’acheter l’unique copie d’un album rap mythique: pour gagner des suiveurs, Marcus, le protagoniste du jeu, cumule les missions spectaculaires, sous le soleil de San Francisco. Et à l’ombre de notre actualité.

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Hack Me If You Can

Malgré un manque de rythme et des répliques tombant à plat, San Francisco, Oakland et la Silicon Valley semblent bien vivantes. On pique des caisses en bâillant un peu dans un monde ouvert qui sonne faux (tristes voitures!) face à la cohérence d’un GTA V. Pas grave. Le piratage d’objets à distance rattrape l’affaire. Trafiquer un boîtier électrique ou une canalisation pressurisée pour attirer un garde (via une étincelle) et enfin générer un champ de force électrique qui le neutralisera, ouvrir des portes au loin: on vogue, désincarné, de salles en salles via diverses caméras, pour déblayer le repère d’un gang adverse avant de mener l’assaut. Les sourires se dessinent derrière les manettes. Night Trap, es-tu là?

Le level design d’Ubisoft réjouit d’autant plus que chaque mission offre vraiment de multiples approches possibles. Deus Ex: Mankind Divided en ricane, certes. Mais le gamer déploie des drones et des jumpers pour pirater à distance un serveur qui ouvrira une précieuse porte. La palette d’approches du jeu ouvre également sur des attaques frontales ou en mode infiltration. Watch Dogs 2 simplifie d’ailleurs terriblement cette dernière approche notamment lorsqu’on se glisse d’une caisse vers un muret. Mais la démarche, également épaulée d’ennemis visibles à travers les murs, est justifiée tant le camp adverse se montre tenace. La machinerie tourne plutôt bien et les kilomètres de missions annexes (courses de bateaux, taxi façon Uber…) éparpillées sur la carte ronronnent. Quittant la brume de Chicago pour la fausse coolitude de San Francisco, Watch Dogs 2 paraît nettement plus enjoué que précédemment. Tout le contraire de son propos, glauque et contemporain à souhait.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR UBISOFT, ÂGE: NC, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 4, PC ET XBOX ONE. ***(*)

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