Titre - Scorn
Édité par - Kepler Interactive
Développé par - Ebb Software
Âge - 18+
Disponible sur - PC et Xbox Series S/X, gratuit via le Xbox Game Pass
Source d’inspiration majeure d’une palanquée de groupes rock et de jeux vidéo rétro, l’aura de HR Giger se rallume sur Scorn.
Au cinéma, HR Giger n’a jamais réussi à dépasser le choc du xénomorphe qu’il avait imaginé à la fin des années 70 pour Alien, le huitième passager. L’influence de l’illustrateur suisse a prospéré ailleurs, sur des pochettes d’albums.
Ainsi, pour marquer sa transition vers une carrière solo, Debbie Harry se faisait transpercer le visage par Giger sur KooKoo en 1981. La chanteuse de Blondie est loin d’être la seule artiste musicale à avoir fait appel à ses services. Des Français de Magma au cultissime Brain Salad Surgery d’Emerson, Lake and Palmer, un pan entier du rock prog des 70’s a commissionné Giger. Sa patte visuelle, également remarquable sur des albums de groupes metal (Sacrosanct, Danzig, Carcass, Triptykon…), a ensuite prospéré derrière les joysticks.
Des boss de fin de niveau de R-Type et Contra aux décors de Super Metroid, une foule de classiques 2D des années 80 se sont inspirés de son style incomparable. Plus tard, les murs de Doom, le crabe mangeur de tête de Half-Life et le bestiaire de Resident Evil rendront également hommage à cet artiste décédé il y a six ans. Le tout pour alimenter la montée en puissance de la 3D, du milieu à la fin des années 90. Macabre et plus dérangeant qu’horrifique, Scorn suit aujourd’hui cette longue lignée et rallume la flamme noire de ses cauchemars biomécaniques. Entre walking simulator et puzzle game, ce jeu créé par deux cousins serbes s’impose sans peine comme une des hypegaming de cet automne. À juste titre?
Giger, fais-moi peur
Le joueur balance ici constamment entre la répulsion viscérale provoquée par le body horror de Scorn (coucou Cronenberg!) et l’obligation pour lui d’observer d’étranges mécanismes cryptiques. Ne faisant pas apparaître d’interfaces pop-up, ses énigmes environnementales tapissent le gros de son gameplay. Un petit panneau évoquant un mécanisme horloger y côtoie un jeu de taquin géant planté dans une salle aux airs de cathédrale. On y joue aussi avec des tunnels extensibles ressemblant à des viscères. Sans oublier ce broyage d’un homunculus apeuré, pour récupérer son bras et s’en servir comme clef.
Si ils ne réinventent rien, les casse-tête de difficulté moyenne de Scorn tiennent la route. Lance rétractable, fusil à pompe, pistolet… Ses quelques combats à l’arme n’y sont, par contre, guère convaincants. La faute à un manque de finition empêchant, par exemple, de tirer entre les barreaux d’un portail. Résultat, on y esquive des créatures chimériques peuplant son level design linéaire. Cet évitement qui devient vite une habitude aurait pu trouver un sens via des mécaniques d’infiltration hélas absentes. Reste que la beauté noire de ce walking simulator pousse à aller de l’avant, révélant au gamer estomaqué une autre horreur insoupçonnée: celle de sa curiosité morbide.
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