Ferguson, simulateur de coming-out…: Serious game is serious
Moins d’un an après le meurtre de Michael Brown, le jeune afro-américain tué par un policier à Ferguson (Missouri), Nicky Case s’inspire du fait dans son jeu vidéo Nothing to hide. A ranger dans la catégorie « serious games » pour son engagement politique, le développeur n’en est pas à son coup d’essai. Panorma des jeux sérieux.
Dans le jeu indépendant Nothing to hide (accessible gratuitement), le joueur incarne un citoyen-reporter plongé dans une ville ambiance Ferguson après le meurtre de Michael Brown. Entre paranoïa, envie de justice et de sécurité, le joueur doit choisir sous quel angle couvrir les évènements, avec pour seule arme un appareil photo. Doit-il dénoncer, apaiser, rendre justice, mais à qui? Tout a une incidence. Ce sont ces questions, ces réflexions autour du fait d’actualité qui font du jeu un « serious game », un « jeu sérieux ». Nicky Case est d’ailleurs un développeur engagé, il est le créateur d’autres jeux politiques comme le simulateur de coming-out ou encore d’un jeu traitant de racisme et ségrégation.
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Les serious games, c’est toute une mouvance dans l’univers actuel du jeu vidéo. De plus en plus de jeux indépendants émergent sous cette étiquette. Est un jeu sérieux tout outil technologique dont l’intention est de faire passer un message de façon interactive. Le message peut être pédagogique, informatif, publicitaire, communicatif ou d’entraînement, comme le décrit le site Seriousgame.be. Les jeux publicitaires, ludo-éducatifs, les edumarket games, les jeux engagés ou encore les jeux d’entraînement ou de simulation sont les 5 catégories de serious games énoncées par des études universitaires.
Serious game versus serious gaming
Le serious game est conçu dès le départ pour faire passer un message, c’est la volonté du développeur. Alors que si le joueur se passionne de lui-même pour l’Histoire de France avec le dernier Assassin’s Creed: Unity ou s’embrase pour la cartographie grâce à SimCity, c’est du serious gaming. Il a lui-même fait la démarche de s’intéresser à un aspect secondaire du jeu. Les développeurs d’Assasin’s Creed ne se sont pas donné pour mission première d’apprendre quelque chose à sa communauté de gamers, l’éventuel savoir est ici implicite et personnel.
Dans la famille serious games, il y a aussi les simulations, des jeux pour former les futurs aides-soignants en passant par les entraînements aux diverses opérations chirurgicales, il y en a pour tous les goûts. Même si elles sont toujours moins drôles que Surgeon Simulator, les simulations ont le mérite d’être réalistes et de former de manière interactive et moderne.
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Les jeux engagés
La plupart des serious games qui affleurent sont ceux apportant une réflexion sociale et politique. Le site Web italien Molle Industria fait partie des « fauteurs de troubles », en proposant des jeux vidéo à portée polémique mais surtout politique. Auto-intitulés « Radical games against the tyranny of entertainment » (« jeux radicaux contre la tyrannie du divertissement« ), le groupe propose notamment un jeu critique vis-à-vis de la machine capitaliste: To build a better mousetrap. Le joueur est un chat, patron d’une usine qui ne tourne qu’avec des souris. Dans le jeu, pas d’instructions, mais une liberté totale dans l’entreprise et un pouvoir complet sur les employés. Dans la même démarche, le poignant Paper, please, sorti en 2013 plonge le joueur dans le rôle d’un agent d’immigration dans un état fictif aux accents slaves. À travers un pouvoir à la fois absolu de vie ou mort et relatif dans le gameplay, le jeu interroge sur la notion de totalitarisme.
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Anna Anthropy, une game designeuse américaine a, elle, choisi de parler des difficultés liées à une sexualité autre dans plusieurs de ces serious games. Jill, l’héroïne de Mighty Jill Off est gay et fétiche des pieds, et ce sont les raisons pour lesquelles elle doit sans cesse escalader une tour, faisant continuellement face à des obstacles. Semblables à des métaphores sociétales, les défis du jeu sont physiques, palpables, avec le but évident de conscientisation.
La conscientisation peut aussi passer par la provocation, comme avec Chômeur blaster, jeu indépendant développé par de jeunes Liégeois. Dans une Belgique futuriste, le joueur gagne des points en tuant les nombreux chômeurs avant qu’ils atteignent l’Hôtel de Ville. Pierre-Yves Hurel, initiateur du projet, expliquait au Soir: « on a pris au premier degré la chasse aux chômeurs qui a lieu actuellement dans notre société pour essayer de faire passer un message. » Un jeu résolument second degré dans la lignée serious games et qui prouve encore une fois que le support est adapté à la réflexion s’il est bien utilisé.
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