Pieces of Her

À 30 ans, Andy vit toujours chez sa mère Laura et noie ses aspirations artistiques dans un travail alimentaire de réceptionniste auprès de la police. Lorsqu’une fusillade interrompt leur repas dans un restaurant, Andy, à sa grande surprise, voit Laura désarmer et éliminer l’agresseur avec autant d’aisance que de dextérité. Cette révélation étonnante est le point de départ d’un récit de reconstitution mémorielle au cours de laquelle le passé d’Andy (Bella Heathcote) et Laura (Toni Collette) revient par fragments, où l’action, le suspense et les retournements s’enchaînent en crescendo. Forcées de prendre la route, mère et fille doivent renouer les fils d’une relation qui n’était pas aussi fluide que ce qu’on pouvait croire. Et apprendre à remodeler le présent en tenant compte des secousses d’un violent non-dit. La dynamique, grisante, qui consiste à révéler le John Wick ou la Black Mamba qui sommeille sous les traits fatigués d’une cinquantenaire, trouve malheureusement assez vite ses limites. Pour efficace que soit le procédé, l’histoire, elle, dissout ses éléments les plus captivants dans ses répétitions et ses voies sans issue, tandis que les personnages, pourtant prometteurs dans les deux premiers épisodes, voient leurs quêtes devenir de plus en plus floues et leur consistance s’effilocher. Depuis les prestations sensationnelles et remarquées de Toni Collette sur Netflix dans Wanderlust (2018) et Unbelievable (2019), où elle s’est montrée alerte dans des registres complexes, toute nouvelle série où elle figure au générique suscite une certaine excitation. Cependant, sa présence bienfaisante et son aura d’une normalité confondante ne suffisent pas à faire oublier les défauts de ce thriller sombre et dynamité qui ne renouvelle pas vraiment le genre et semble avoir tout misé sur les effets de manche de sa proposition liminaire.