MALGRÉ UNE RÉALISATION IMPECCABLE, BATMAN: ARKHAM ORIGINS ATTERRIT EN TERRAIN BALISÉ. ADIEU L’ACROBATE?

Batman: Arkham Origins

ÉDITÉ PAR WARNER INTERACTIVE ET DÉVELOPPÉ PAR WARNER BROS. GAMES MONTRÉAL, ÂGE 16+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION (VERSION CHRONIQUÉE), NINTENDO WII U ET XBOX 360.

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Il en résume son état général: le premier niveau d’un jeu tourne souvent comme une toilette de resto. Entamer Batman: Arkham Origins par l’exploration d’une prison tenue en otage par des bad guys plombe le troisième épisode de la série des Arkham d’un air de déjà-vu. A quelques détails narratifs près, Arkham Asylum, le premier volet de la renaissance current gen de la franchise DC Comics, s’ouvrait ainsi de la même manière. Oscillant toujours entre baston, exploration et infiltration, le jeu acrobate ne dévie donc pas du plan de vol de ses prédécesseurs.

Spécialiste des suites copiées/collées notamment avec ses LEGO (Star Wars, Indiana Jones…) qu’elle clone à l’infini depuis huit ans, la Warner semble glisser Batman: Arkham dans la même logique. La démarche est d’autant plus bancale que Rocksteady, les auteurs britanniques du séminal et génial Arkham Asylum, ont rangé leur bat costume au placard depuis le rachat de leur studio par le groupe média tentaculaire. Batman: Arkham Origins concrétise donc les premiers pas de Warner Bros. Montréal. On a déjà connu joyeuse entrée plus marquante pour un nouveau studio, au pays de la poutine. Notamment via Eidos Montréal, sur Deus Ex: Human Revolution.

Bas les masques

Contrairement au propos transhumaniste de ce dernier, le scénario de Batman: Arkham Origins ne se déroule pas tout en nuance. Batman voit ainsi Black Mask coller une prime valable 24 heures sur sa tête. Loin d’être tous charismatiques et parfois bricolés dans un Toys « R » Us, huit vilains à affronter sous forme de boss tenteront de lui faire la peau. Avant chaque duel, le level design de Gotham City et de ses bâtiments (joliment) dépressifs n’apporte rien de neuf aux débats.

Le contraste entre approche musclée et furtive s’étend ainsi toujours au fil de missions où l’on commence par se faufiler dans un conduit d’aération pour jaillir dans le dos d’un garde et l’assommer. En suspension sur une gargouille ou prêt à défoncer un mur, les variantes de ces attaques surprises ne bluffent plus. La panique du camp adverse qui assistait impuissant à son démantèlement était jubilatoire dans le précédent Arkham City de 2011.

Aujourd’hui, cette approche entourée de gadgets (affichant entre autres des ennemis en réalité augmentée à travers les murs) ne décroche plus les sourires. Les rares nouveautés de gameplay défilent en outre comme des figurants sur un plateau. Les phases d’enquête en mode point & click rejouent ainsi des courtes séquences du passé à explorer en 3D. L’idée ne se développe pas outre mesure,tout comme les passages en beat them all. Très physiques et spectaculaires, ceux-ci sont navrants de banalité, malgré une approche demandant plus d’esquives qu’auparavant. Entièrement dévoué à ses admirateurs qui l’exploreront comme DLC, la ville de Gotham happe toujours, d’autant qu’elle dévoile une étape importante de la vie du super-héros. Une invitation fans only.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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