Partir un jour

La littérature regorge du sempiternel thème de la crise de la quarantaine -celle qui frappe les quarantenaires (pas l’autre). Ce qui fait la différence avec Partir un jour est la liberté de ton que Manu Boisteau prend avec son personnage. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas tendre avec lui. Il peut se le permettre: après comparaison de portraits de l’auteur trouvés sur la toile avec le « héros » de Partir un jour, le doute n’est plus permis, c’est lui! Et puis, ça sent le vécu. Le Manu de papier est un gars très ordinaire: il s’emmerde au boulot, à la maison et en vacances. Ses amis le déçoivent, sa femme s’étiole, son boss le tue et sa mère dévisse. C’est décidé, il va reprendre l’écriture de son fameux roman. Il y sera bien obligé, il a plaqué son boulot sur un coup de tête. Si la crise de la quarantaine est vécue très personnellement, elle n’en fait pas moins des dégâts collatéraux. L’égocentrisme du personnage le pousse à faire des trucs d’une lâcheté assumée uniquement chez son psy ou chez l’hypno-thérapeute, celui-là même qui l’avait aidé à accepter le fait qu’il n’a jamais passé son permis de conduire. ça situe le personnage. Riche de son expérience dans l’édition BD jeunesse où tout va à du 200 à l’heure, Manu Boisteau mène son récit tambour battant, sans temps mort. Il enchaîne les lamentations de son alter ego au bistro, chez les thérapeutes, avec sa future ex-femme… Et c’est très drôle. Il parsème ses dialogues de quiproquos hilarants et de considérations déplacées sur la vie et le fonctionnement de l’imprimante récalcitrante. Un bol de légèreté.

Partir un jour

De Manu Boisteau, éditions Casterman, 128 pages.

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