On a assisté au concert d’Orelsan à Dour : gagné d’avance…
Samedi soir, à Dour, Orelsan est venu récolter une dernière fois les fruits du succès de Civilisation, enchaînant les tubes. Imparable
On le sait maintenant. Si un festival cherche une tête d’affiche rassembleuse (et qu’il a quand même quelques centaines de milliers d’euros dans la poche), il peut toujours compter sur Orelsan. Et ce, depuis au moins le carton de La fête est finie. Comme dirait Koba LaD, « qu’est-ce que c’est trop beau, la vie d’artiste ». Elle est aussi souvent très bizarre. Qui aurait pu croire que le jeune rappeur des débuts, qui se faisait traîner en justice pour ses rimes sexistes, et moquer pour sa voix nasillarde, allait devenir l’un des artistes français les plus populaires de l’époque ? Samedi soir, à Dour, il suffisait de faire un tour sur la plaine de la Last Arena, pour à nouveau le constater : devant une scène principale qui a parfois du mal à rassembler, la grande foule était bel et bien présente.
A Dour, comme lors de son dernier passage en 2019, Orelsan arrivait en bout de cycle. Celui entamé avec Civilisation. Publié en novembre 2021, le successeur du blockbuster La fête est finie a connu une trajectoire à peine moins stratosphérique. Avec sa ration de tubes (La quête, Du propre), des Victoires de la musique à foison, son docu à succès (la 2e saison de Montre jamais ça à personne), et une tournée des salles XXL (trois Palais 12 sold out) et des festivals à rallonge. « Cela fait un an et demi qu’on est sur la route, explique d’ailleurs l’intéressé. Il nous reste encore deux dates, et puis c’est fini. Alors, forcément, cette soirée est un peu émotionnelle ». Le genre de petit plus qui rajoute une intensité particulière au moment. Plus que jamais, il sera festif.
De 7 à 77 ans
C’est de toutes façons comme ça que le show a été conçu. Sur scène, aux côtés d’Orelsan, on retrouve évidemment le « mastermind » Skread, planté derrière ses machines, et l’indispensable ambianceur-manager-producteur Ablaye. Ils sont rejoints par Eddie Purple (guitare), Phazz (machine) et Manu Dyens (batterie). Après Civilisation, l’équipage au complet n’attend pas pour balancer Du propre, arrosé de sa « sauce magic beau gosse ». Derrière, le funk de Bébéboa est allumé par un solo de guitare. Il est suivi de l’hymne belgo-normand La pluie. Quatre morceaux, et Orelsan et ses potes ont déjà mis la plaine dans leur poche… Comme pour assurer définitivement la prise, ils enchaînent avec Défaite de famille et La quête. Deux tubes de plus. Et deux histoires qui racontent la famille – celle qu’on célèbre autant qu’on subit – avec un ton à la fois intime et universel. C’est aussi pour cela qu’Orelsan est devenu, au-delà du rappeur connu, un artiste populaire, dans le sens le plus noble du terme.
« Dour, c’est la 5e fois qu’on vient, et on n’a jamais joué devant autant de monde ! ». Cela n’empêche pas la star du soir de réussir à cultiver une certaine proximité avec son public. Comme lors des concerts en salle, il invite deux spectateurs sur scène pour une partie de Civilization fighter, son jeu vidéo de baston maison. Et de se lancer ensuite dans un grand medley parcourant ses trois premiers albums. Au moment de ressortir Christophe, il se marre et prévient : « On va faire des trucs de camping, rien à foutre ! ».
Le grand incendie
De fait, Orelsan a réussi le grand écart toujours délicat entre succès mainstream et intégrité artistique. D’aucuns lui reprocheront d’être devenu dans la foulée une sorte de Souchon du rap. Mais si c’est pour écrire l’équivalent d’un Foule sentimentale ?… Certes, quand il entame par exemple Jour meilleur, accompagné seulement à la guitare, il cède trop facilement à la variété. Mais dans le même temps, Orelsan est aussi ce chanteur/rappeur capable de démarrer son set avec un morceau qui parle du grand effondrement (Civilisation), et de le terminer avec un autre où il rappe pendant plus de 7 minutes (Notes pour trop tard).
Entre les deux, celui qui est devenu égérie parfum de Dior flaire également L’odeur de l’essence. Soit ce qui rapproche le plus d’une protest song version 2023. Bien sûr, Aurélien Cotentin ne dira pas un mot sur la situation actuelle en France, la pétaudière qu’elle semble parfois être devenue. Mais puisqu’il chante déjà le grand « incendie », évoquant notamment le fait que « si le Président remporte la moitié des voix/c’est que les deux tiers de la France en voulaient pas »…
En toute fin, avant de remettre une couche de (c’est) Du Propre, Orelsan revient encore sur Shonen. Et, bien sûr, sur ce qui reste son plus gros succès. Qui, au fond, peut aussi servir de bon résumé de sa formule scénique. Basique. Simple. Mais, pour tout ce qu’elle a d’efficace, jamais simpliste.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici