Nuits Bota: Suuns/Nap Eyes, Canada dry…

Suuns aux Nuits Bota (Orangerie) © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Fin, ou presque, des Nuits avec les rejetons montréalais de Clinic et le fils spirituel canadien de Lou Reed.

La pluie, le vent, les « festivaliers » réfugiés sous les grands parapluies jaunes Ricard. Puis évidemment (que ferait-on sans eux?) les serveurs toujours aussi accueillants et souriants du bar du Bota (« si si les mecs, merci et pardon sont des mots que les amateurs de musique comprennent et utilisent même, eux, parfois »)… Il reste quelques concerts (Ty Segall, Julia Holter…) étonnamment éparpillés sous leur bannière jusqu’au 7 juin mais les Nuits Botanique se sont en gros terminées de manière un peu tristoune dimanche soir. La faute au temps surtout. Parce qu’on ne s’imaginait pas voir autant de monde au concert de Suuns (une Orangerie pas sold out mais bourrée massacre). Ni à ce que ce concert soit aussi solide. Fils spirituels modernes et montréalais de Clinic, les Canadiens ont bien grandi depuis la sortie en 2011 de leur premier album et les belles promesses d’un titre de Meilleur nouveau groupe décerné à l’époque par le pourtant anglo-centré New Musical Express. Suuns (qui se prononce « sounz » et signifie zéros en thaï) s’est obscurci. Radicalisé, quelque part, même. Et son dernier album, sans concession, il en offre une déclinaison plutôt maousse costaud. Départ tonitruant, combat physique. Tandis que Joe Yarmush travaille ses cordes au corps, que Liam O’Neill fracasse ses fûts, que Max Henry bidouille et triture, la voix étranglée et à bout de souffle de Ben Shemie s’extirpe du magma. Sobre, efficace, moins élaboré et dingo que leurs derniers clips (réalisés à coups de jeu vidéo et de caméras thermiques): cinq grands ballons blancs (un par lettre) épellent le nom du groupe en guise de décor. C’est froid. Lancinant. Ca monte et ça descend. Noir et tendu. Electronique et organique. 2020 et Translate servent de bélier à un set qui, malgré un petit creux d’un quart d’heure, termine comme il a commencé. En force.

C’est déjà avec des Canadiens qu’on avait entamé la soirée au Grand Salon. En compagnie de Nigel Chapman et de Nap Eyes. Son bassiste a les yeux à demi-fermés sous sa longue chevelure de métalleux et tout le monde est confortablement affalé dans les fauteuils mais personne ne fait la sieste pour autant. Nap Eyes a beau, live, sonner un peu bancal et squelettique façon glandeur/slacker, la voix Lou Reedienne du biochimiste use de ses charmes pour donner vie à Mixer et Stargazer, deux des petites perles de son deuxième disque, l’impeccable Thought Rock Fish Scale. Que votre saison des festivals soit belle…

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