Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

SI THE MALTESE FALCON EST LA PLUS CÉLÈBRE ADAPTATION D’UN DE SES TEXTES À L’ÉCRAN, DASHIELL HAMMETT A EU UN PLUS LARGE IMPACT SUR LE CINÉMA. COMME AUTEUR, MAIS AUSSI COMME… PERSONNAGE.

The Maltese Falcon (1941), brillante adaptation d’un de ses romans majeurs par John Huston, est répertorié comme premier film noir authentique et donc point de départ d’un genre qui produira ses fleurs vénéneuses tout au long des années 40 et 50. A l’égal d’un Raymond Chandler, Dashiell Hammett est une figure tutélaire d’un courant cinématographique auquel il offrira très vite, dès l’année suivante en fait, une autre occasion de lui rendre hommage en transposant The Glass Key sous la direction de Stuart Heisler. D’autres adaptations suivront, plus ou moins fidèles à son approche ultra réaliste, à son style précis et direct, à son trait sec dans la violence comme dans l’humour. Hammett aura vu Humphrey Bogart incarner à merveille le détective qu’il avait créé, Sam Spade. Et William Powell jouer, verre d’alcool à la main et sur un mode plus léger, son Thin Man Nick Charles. Mais il aura aussi vu Hollywood le rejeter violemment quand la chasse aux sorcières communistes pointa du doigt (jusqu’à l’expédier en prison, et retirer ses livres des bibliothèques publiques!) ses engagements à gauche durant le Maccarthysme…

Si l’écrivain fut sollicité, dès les années 30 et comme nombre de ses collègues en polar, pour participer à la rédaction de scénarios de films criminels, presqu’aucun de ces travaux ne fut crédité, jusqu’à faire parfois régner le flou sur leur caractère réel. Bien plus tard, il ne sera pas non plus mentionné au générique du formidable Miller’s Crossing (1990) des frères Coen. Lesquels ne manquant pourtant pas une occasion de préciser ce que leur film doit à Red Harvest et The Glass Key, 2 romans d’un auteur alors décédé depuis près de 30 ans!

Moins le style que le fond

L’écriture de Dashiell Hammett se caractérise par une grande force d’évocation visuelle. On ne saurait dire, pourtant, que les adaptations de ses textes au cinéma se fondent sur son style. Les archétypes formels du film noir, hérités en bonne partie de l’expressionisme allemand, y dominent alors que l’art du romancier préférait au clair-obscur et aux ombres pesantes une incisive clarté. C’est, au fond, sur le plan thématique que son influence fut sans doute majeure. Des figures obligées du film noir comme le détective dur à cuire, la femme fatale et perdue, l’assuétude à la drogue, la corruption de la « bonne » société, apparaissent ainsi dans son £uvre dès la fin des années 20 ( Red Harvest paraît en 1929!). A cet impact de fond, il convient d’ajouter cette singularité d’avoir été, à 2 reprises et non des moindres, lui-même héros de cinéma. Jason Robards campant admirablement, pour Julia (1977) de Fred Zinnemann, un Dashiell Hammett au crépuscule de sa vie, dans l’adaptation d’un texte autobiographique de sa compagne en amour et engagement politique Lillian Hellman (jouée par Jane Fonda). Et Frederic Forrest incarnant 5 ans plus tard un Hammett impliqué, devant la caméra de Wim Wenders, dans une enquête criminelle digne de ses romans!

LOUIS DANVERS

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