Vainqueur de Nouvelle Ecole, le rappeur Youssef Swatt’s sort son nouveau projet Chute libre

Un peu plus de six mois après sa victoire à Nouvelle Ecole, Youssef Swatt’s sort l’EP Chute libre.
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Grand gagnant de la saison 3 de Nouvelle Ecole, le tremplin rap de Netflix, le Belge Youssef Swatt’s sort un nouvel EP, Chute Libre. Explications

Tout un symbole : le 21 juillet dernier, Youssef Swatt’s remportait la troisième édition de Nouvelle Ecole. Au moment où le rappeur belge montait sur la scène du Cinquantenaire pour les festivités nationales, Netflix diffusait en effet la grande finale de son télécrochet rap. A la surprise générale, le jury composé d’Aya Nakamura, SCH et SDM plébiscitait le « rap à l’ancienne » du Tournaisien.

Depuis, la vie de Youssef Swatt’s a forcément pris un tournant. L’automne dernier, il réalisait ainsi l’un de ses rêves en remplissant sur son seul nom l’Ancienne Belgique à Bruxelles (avant de faire de même à Paris, en enchaînant une Cigale et un Bataclan, tous les deux sold out). On a également vu Youssef Swatt’s se glisser dans la B.O. de la comédie musicale La Haine (aux côtés de Clara Luciani), faire un tour dans le château de la Star Academy et sauter en parachute pour le single Turbulences.

Installé désormais à Paris, Youssef Swatt’s sort aujourd’hui l’EP Chute Libre. Huit titres où l’on retrouve James Loup, son compagnon de battle dans Nouvelle Ecole. Mais aussi le pianiste Sofiane Pamart « Cela fait un moment que l’on se connaît, avant même qu’il ne devienne vraiment super connu. On est toujours resté en contact, en se disant qu’on devait faire un truc ensemble. C’était le bon moment ». Ou encore l’un de ses maîtres à rapper, Youssoupha – « Ce qui est drôle, c’est que, quand on s’est rencontré, il m’a expliqué que cela faisait des mois que tout le monde le harcelait en n’arrêtant pas de lui parler de moi ». Au passage, Youssef Swatt’s en profite aussi pour glisser dans Chute Libre l’une ou l’autre couleur plus inédite : comme la vibe amapiano de Demain tout ira mieux ou les sonorités arabes de 24CARATS, mise en valeur aujourd’hui par des rappeurs comme Tif, Zamdane, etc. Une manière de tester de nouvelles choses, avant de passer à l’étape suivante : celle de l’album.  

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Chute Libre arrive un peu plus de six mois après ta victoire à Nouvelle Ecole. En un mot, comment pourrais-tu décrire la période que tu as traversée depuis ?  

Je pense que le mot « intense » résume bien. C’est vrai que tout est allé très vite. Il s’est passé plein de choses. J’ai pu réaliser un tas de rêves. Et je ne le dis pas pour la « belle phrase ». Très concrètement, j’ai vécu des choses qui me semblaient complètement folles, et qui, tout d’un coup, sont à ma portée. Et en même temps, même si tout a été très rapide, je n’ai pas l’impression que cela m’a filé entre les doigts. J’ai vraiment le sentiment d’avoir été connecté à tout ce qui se passait autour de moi.

Ce n’est pas forcément ce que tu racontes dans l’EP. « Je ne profite même pas du moment présent », dis-tu dans Epilogue…

Parce que c’est un des morceaux que j’ai écrits un peu avant la diffusion de Nouvelle Ecole. A un moment précisément où les voyants d’avertissement commençaient à s’allumer. Les événements s’accéléraient et se mettaient en place. J’avais l’impression de passer un peu à côté des choses. Cela m’a poussé à mettre très vite en place un cadre pour pouvoir en profiter un maximum.

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Quel est ce cadre ?

Il tient essentiellement à la gestion de mon temps et de mon énergie. Tout ce qui m’arrive aujourd’hui est à la fois très inspirant et très… aspirant, dans le sens où l’on est fort sollicité sans cesse : les messages sur mon téléphone, les réseaux sociaux, les concerts, la promo, etc. La musique peut vite devenir un métier qui ne s’arrête jamais. Surtout quand cela se passe bien. Donc j’ai dû accepter le fait de ne plus être tout le temps à 100% de mes capacités. Et par exemple m’assurer d’avoir du temps pour moi. Des moments où je peux couper, où je suis juste chez moi, à pas forcément faire grand-chose. En faisant cela, en lisant, en prenant le temps de réfléchir ou de vivre des choses au-delà de la musique, je la nourris aussi. Cela me permet d’avoir de l’inspiration et de l’énergie quand je bosse.

« Je suis un des rappeurs les plus attendus cette année/Mais je sais même plus quoi écrire », expliques-tu dans Le monde qui tourne autour de moi…

Oui, à nouveau, cela a été le cas dans la période entre le tournage et la diffusion de Nouvelle Ecole. Il y avait cette pression pour sortir un projet directement après. Mais j’étais bloqué, rien ne venait. J’avais vraiment cette angoisse de la page blanche. Je me suis rendu compte qu’il fallait que je profite simplement de ce qui allait se passer et vivre les événements : les changements, les rencontres, les concerts, etc. C’est comme si j’avais voulu parler d’une chose que je n’avais pas encore expérimentée. Quand j’ai compris ça, j’ai pu mieux vivre ce que j’avais à vivre.  Et surtout, en me « libérant » du cahier des charges, cela m’a rendu plus productif. Et tant pis, si le projet ne sort que maintenant, et pas en septembre comme on me disait de le faire. De toutes façons, il n’y a pas de recette secrète. L’industrie a ses propres plannings, son idée sur le nombre de vidéos qu’il faut poster quotidiennement sur les réseaux, etc. Mais le public s’en fout de tout ça. Il veut juste de la bonne musique.

L’EP s’intitule Chute libre. Ce qui peut apparaître paradoxal pour un artiste en pleine ascension…

C’est vrai ! (rires). A vrai dire, on a quand même hésité. Et je crois que je ne l’aurais pas intitulé comme ça, s’il n’y avait pas eu le clip de Turbulences, pour lequel j’ai sauté en parachute. Il faut vraiment le prendre dans ce sens-là : d’un saut vers l’inconnu, ce truc de sensations fortes. Pendant des mois, j’ai eu ce sentiment de « prendre de l’altitude », de voir les choses que j’avais attendues depuis longtemps se mettre en place. Et puis, tout à coup, le 21 juillet 2024, la porte de l’avion s’est ouverte, et, malgré l’angoisse, le vertige, j’allais devoir sauter, que je le veuille ou non.

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Tu dis dans cet EP avoir réalisé beaucoup de tes rêves. Et en même temps, il y a toujours une mélancolie lancinante.

D’un côté, j’ai conscience de ma chance. J’ai assez charbonné pendant 10, 12 ans pour le réaliser. Ce n’est pas tant une question de revanche. Mais tout de même, je n’ai pas oublié les sacrifices consentis. Donc je fais cet effort permanent de savourer le moment. De pouvoir collaborer avec mes icônes, de me retrouver dans un van pour tourner un peu partout, quitte à ne plus trop savoir où je suis – l’autre jour, par exemple, je pensais être dans une ville de l’ouest de la France, alors qu’on était complètement à l’est (rires).

Mais de l’autre, je sais aussi que tout peut tourner très vite. Et puis, dans mon processus d’écriture-même, il y a de toute façon un certain penchant pour la mélancolie. C’est ce que je trouve de plus inspirant. Cela reste mon angle d’approche privilégié, mon principal moteur.

Je voulais raconter tout ce que Nouvelle Ecole m’a apporté, pour pouvoir passer à la suite.

« J’espère que le succès va me changer », insistes-tu sur Le monde qui tourne autour de moi.

Oui, évidemment. C’est pour cela qu’on fait ça : pour changer et devenir meilleur. En fait, j’ai commencé à faire de la musique tellement jeune que, par la force des choses, la musique m’a changé, influencé. J’ai débuté alors que j’étais encore un jeune ado. Le rap a contribué ce que je suis devenu. J’espère de la même manière que le succès va me changer, dans le bon sens. J’ai encore beaucoup de choses à « résoudre » ou d’envies à combler. Je trouve ça normal de compter sur la musique pour me permettre d’y parvenir, plutôt que de rester au même stade toute ma vie.

Est-ce que cet EP est aussi une manière de clore le chapitre Nouvelle Ecole ?

Oui, complètement. J’ai conscience par exemple qu’il y a parfois dans le projet des choses qui se répètent un petit peu. Mais elles devaient être dites pour pouvoir passer à la suite et refermer la parenthèse. Même si Nouvelle Ecole me suivra toujours. J’en reste hyper fier, ce n’est pas la question. Mais avec ce projet, je voulais raconte et synthétiser une dernière fois tout ce que cela m’a apporté, pour pouvoir passer à la suite.

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