Le rappeur-phénomène Werenoi est décédé: «Il est parti comme il est arrivé, dans un mystère»

Werenoi, le plus gros vendeur d'albums français cette année, est décédé ce samedi.

Le rappeur Werenoi, numéro un des ventes d’albums en France en 2023 et 2024, est mort à l’âge de 31 ans, a annoncé samedi son producteur sur le réseau social X.

Werenoi, Jérémy Bana Owona à l’état civil, a connu une carrière de météore, en s’imposant comme l’artiste ayant vendu le plus d’albums en France en 2023 comme en 2024, selon les chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). «Werenoi est parti comme il est arrivé, dans un mystère», résume le journaliste rap, Martin Vachiéry. Portrait d’un artiste qui n’a eu besoin que d’une chose pour truster le gratin du rap: sa communauté.

Werenoi, «du jamais vu depuis Ninho»

A la sortie de la crise sanitaire, le rap se cherche un second souffle. C’est le dénicheur de pépites et producteur Kore qui repère l’artiste de Montreuil, dans le 93, et qui le fait signer chez Awa, une maison de disques reconnue. Pourtant, d’emblée, Werenoi a une stratégie bien définie. «Il refuse de jouer le jeu des médias traditionnels, se souvient Martin Vachiery. Dans le rap, on considère toujours qu’il y un problème au niveau du traitement de cette musique, principalement à cause d’un mépris de classe et d’un racisme structurel.»

Werenoi refuse donc de tomber dans le piège dans lesquels sont tombés les Nekfeu, les Vald ou Fabe qui se sont vus respectivement ridiculisés sur les plateaux de Ruquier, Ardisson ou Nagui. Chez Awa, Werenoi arrive sans travestir son histoire ni son style. «C’est un artiste qui avait une identité très street, qui rappait très bien mais c’était aussi le roi de la mélodie. Malgré ses textes durs, il avait des mélodies très douces qui pouvaient rentrer dans la tête. Ce qui donne une replay value énorme», analyse Vachiery.

La preuve avec son premier tube, «La fuite» qui va directement cartonner. Awa l’accompagne avec un marketing intelligent mais toujours à l’image de l’artiste qui va poursuivre sa progression. «Pour observer une ascension pareille, il faut remonter à Ninho», résume Martin Vachiery.

Vivre, briller et mourir dans le mystère

Pourtant, de par son absence médiatique, Werenoi restera pour l’éternité un artiste de renommée internationale sans pourtant même que la plupart des Belges ou des Français n’ait un jour entendu son nom malgré ses deux concerts au Stade de France. Et l’histoire restera ainsi, puisqu’en moins de 24 heures, l’artiste a perdu une quantité non négligeable d’auditeurs, constate Vachiery. Jérémy Bana Owana avait formulé le souhait que sa musique ne soit plus diffusée après sa mort, et ses proches l’ont honoré. Ses oeuvres devraient être supprimées de Spotify dans les heures à venir.

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En 2025, Werenoi sort son sixième et dernier album «Diamant Noir». La critique de celui-ci est mitigée, le produit n’est pas mauvais, il n’est pas exceptionnel non plus. «Pour son public, le fait que l’album ne soit pas fou n’est même pas un sujet, commente Martin Vachiery. La force de Werenoi, c’est que tout le monde l’écoute. Ce n’est pas un gars qui avait besoin de sortir un morceau chaque semaine. Mais avec une bonne image, travaillée sur le mystère, il a eu l’art d’arriver au bon endroit au bon moment.»

C’est là toute la subtilité de Werenoi, qui n’avait jamais voulu fêter le titre de plus gros vendeur de l’année 2024, histoire de rester dans les épaules. Il l’a d’ailleurs rapé, dans le morceau La League: «le plus malin, c’est pas celui qui l’ouvre non, c’est celui qui s’tait».

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