Tuerie, Arthur Satàn, Werenoi, Chris Imler, The Babe Rainbow: on écoute quoi, cette semaine?

Tuerie, en mode rappeur-crooner pour disséquer le chaos amoureux, sur son premier album
Laurent Hoebrechts Journaliste musique
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Du rap FR (Tuerie, Werenoi), du rock solaire (Arthur Satàn, The Babe Rainbow) et même du kraut polaire (Chris Imler) : la musique ne s’arrête jamais.

1. Tuerie – Les amants terribles

En deux rounds –l’EP Bleu gospel en 2021 et Papillon monarque en 2023–, le rappeur parisien Tuerie a mis tout le monde K.O. Sans forcément transformer l’essai en chiffres de vente mirobolants. Mais en s’installant lentement dans les esprits et les cœurs –avec Papillon monarque, il a même remporté le prix Joséphine, sorte d’alternative aux Victoires de la musique.

Il revient aujourd’hui avec Les Amants terribles, présenté comme son premier véritable album. Après s’être penché sur une histoire familiale cabossée, Tuerie avait prévenu: le prochain volet de ses aventures musicales creuserait cette fois le chaos de ses relations amoureuses. A la manière de son pote Luidji, il ne mâche pas ses mots, sans jamais s’épargner«Je suis devenu un cocktail des hommes que je déteste», sur Troll. Il en profite pour continuer d’élargir toujours plus son horizon musical. Aux éclats gospel déjà présents ici et là viennent s’ajouter de nouvelles couleurs –soul chatoyante sur Pièce maîtresse, r’n’b eighties sur Flop, jazzifiant sur Sorcière–, sans jamais perdre de vue la matrix rap (le roulement funk de Boulbi State of Mind). Crooner à sa façon, à la fois drôle et poignant. ● L.H. 

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Distr. Foufoune Palace.
La cote de Focus : 4,5/5

2. Arthur Satàn – A Journey That Never Was

Il y a quelques mois, au moment de commenter enthousiaste sa participation au dernier album du Wild Classical Music Ensemble, formidable groupe de rock expérimental composé de handicapés physiques et mentaux et de musiciens issus de la scène underground belge, Arthur Larregle, chanteur et guitariste de la formation turino-bordelaise JC Satàn, évoquait la sortie imminente de son nouvel album solo. Le premier, So Far So Good, impeccable et irrésistible carte de visite déposée sur la chaîne hi-fi il y a quatre ans déjà, était une bouffée d’oxygène. Parce qu’une décennie de tournées, cinq albums, une dizaine de 45 tours et une crise sanitaire, ça autorise à prendre un peu de recul même pour les plus furieux garagistes de la scène rock hexagonale.

Avec A Journey That Never Was, Arthur Satàn (son nom d’artiste) fait plus que jamais la fête à la pop des années 1960. L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais c’est au paradis ­qu’Arthur emmène ses merveilleuses chansons. A Journey That Never Was est sans doute le plus bel hommage à la musique anglo-saxonne des sixties jamais réalisé par un Français. Il s’en dégage une richesse, un soin et une subtilité mélodique incroyables qui ne sont pas sans évoquer le génial premier album du Batave Jacco Gardner, les œillères psychédéliques en moins.

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Autour de la table ronde d’Arthur, se pressent les Beatles, les Kinks, les Zombies et les Beach Boys. British invasion, classic rock? Les titres les plus énervés lorgnent vers le glam. John, Paul, George et Ringo, Dave et Ray, Carl, Dennis et Brian font de la place à Marc Bolan. Les années 1990, celles de Supergrass, se fraient aussi un chemin sur ce disque imparable dont le grand gourou a géré le son et la pochette. Un double album pour une heure et quelques minutes de plaisir. De jouissance même. ● J.B.

Distr. Born Bad Records
La cote de Focus : 4,5/5

3. Chris Imler – The Internet Will Break My Heart

Que cache la fine moustache de Chris Imler? Assurément une bonne dose de cynisme et d’ironie cintrée. Batteur berlinois dont on a du mal à retracer l’itinéraire précis – dans un récent article de Libération, on apprend qu’il a cotoyé Peaches, Puppetmastaz ou Jens Friebe dans les années 90 -, Imler sort un quatrième album aussi glaçant qu’entêtant.

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De sa voix traînante et pince-sans-rire, le sexagénaire se penche notamment sur nos vies digitales. Et se demande comment l’utopie du Net s’est transformée petit à petit en cauchemar technologique – transformant définitivement tout divertissement en distraction – « Let’s talk about Star Wars episode 4, but let’s not talk about the war », grince-t-il notamment. Il divague ainsi sur un mélange d’electronica polaire et de kraut crépusculaire (le génial The Train Seems To Know Where I Go), louvoyant entre ambiances chelou (l’angoissant Me Porn, You Porn ou la balade nocturne Agoraphobie, avec la Française Naomie Klaus) et charge EBM plus corsée (Un solo corpo). ● L.H.

Distr. moli del tro. En concert ce 19/04, au Paramour (Bruxelles)
La cote de Focus : 4/5

4. Werenoi – Diamant noir

Il n’a fallu qu’une paire d’années à Werenoi pour devenir l’une des nouvelles têtes d’affiche du rap français. Rare dans les médias (une apparition lunaire chez Léa Salamé), le Parisien illustre bien le paradoxe actuel du genre, capable d’engendrer des artistes à la fois extrêmement populaires (Werenoi est celui qui vendu le plus d’albums en France, l’an dernier) et relativement méconnu du grand public. Pas certain que son nouveau Diamant noir va y changer grand-chose. Déjà numéro un dans une dizaine de pays (dont la Belgique), l’album – son 3e en 3 ans – reste calé sur sa formule d’un rap street post-2015 aussi convenu qu’efficace. Avec, au générique, une série de gros noms pour faire l’événement – Ninho et Damso sur Triple V ou encore la superstar américaine Gunna sur Gulfstream. Mais peu d’occasions de dévier d’une ligne bien trop droite, bien trop balisée. « Beaucoup de cardio mais très peu de souffle », glisse notamment Werenoi. On ne saurait mieux résumer Diamant noir.● L.H.

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Distr. PLR. En concert le 5/07, aux Ardentes (Liège)
La cote de Focus : 2,5/5

5. The Babe Rainbow – Slipper Imp and Shakaerator

Bande de sympathiques babas aux cheveux longs et blonds, les Australiens de Babe Rainbow ont des looks de surfeurs un peu branleurs. Ça tombe bien. Ces rockeurs décontractés, poilus et bronzés viennent de Byron Bay, repère écolo et temple de la glisse, situé tout à l’est du pays. Ils fabriquent aussi clairement la musique qui va avec le lieu. Après avoir sorti leurs quatre premiers albums sur Flightless, le label fondé par Eric Moore (ex-King Gizzard and the Lizard Wizard), les hippies végano bobo publient Slipper Imp and Shakaerator sur la nouvelle maison de disques, p(doom) records, du roi Gésier et du sorcier Lézard. Du groove, des mélodies irrésistibles. Ces onze chansons lumineuses mixées par Stu Mackenzie ont tout ce qu’il faut là où il faut pour danser les pieds dans le sable ou au bord de la piscine. Voire embarquer pour le pays des koalas et des kangourous (When the Milk Flows). N’oubliez pas la crème solaire. ● J.B.

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Distr. p(doom) records.
La cote de Focus : 4/5

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