Tsar B, queen pop baroque
Cinq ans après The Games I Played, la Flamande Tsar B sort son second album, mélange capiteux de pop baroque et de r’n’b déviant,
Il y a ceux qui, pendant le confinement, se sont filmés guitare à la main, avec leur téléphone, dans leur salon mal éclairé. Et puis, il y a Tsar B. En 2021, à force de voir ses concerts reportés, Justine Bourgeus de son vrai nom a imaginé un film-concert d’une vingtaine minutes. Un live violon-violoncelle, inspiré par Les Dîners de Gala, le livre de cuisine de Salvador Dalí. Le tout tourné en costume dans le décor très fellinien du palais gantois d’Arnold Vander Haeghen. Chic.
Deux ans plus tard, on écoute le morceau Interlude, tiré du nouvel album de la jeune femme. Cordes hantées, voix aux intonations baroques, reprenant l’aria Lascia ch’io pianga de Haendel. Choc. Dans To the Stars, on trouve du r’n’b torve (Auwtch), des synthés eighties (Moonman), des coulées trance (Don’t Wanna Lose Nobody, Trophy), ou encore des lenteurs trip hop, comme sur Underwater. Le clip de ce dernier morceau a permis en outre à Tsar B de réaliser un étrange fantasme: éclater son violon par terre avant de lui bouter le feu, tel Jimi Hendrix avec sa Fender. “Mais c’est un acte d’amour!”...
Justine Bourgeus a à peine 3 ans quand on lui met son premier violon dans les mains. “À cet âge-là, plus que de réussir à en sortir un son correct, vous essayez justement de ne surtout pas le casser…” La gamine s’accroche, encouragée par des parents férus de classique. “Et puis, très tôt, j’ai vu Amadeus.” Le pli est pris. Du moins jusqu’à l’adolescence. À 14 ans, elle intègre son premier groupe: des potes du conservatoire, déjà dans la vingtaine, et fans du folk de Bon Iver. “À partir de là, j’ai toujours cherché à élargir mes horizons musicaux. J’adore le classique. Mais c’est un monde très codé, où la seule manière de se distinguer est dans la précision extrême de l’exécution.” Cela ne l’empêchera pas d’être invitée plus tard dans le jury du Reine Elisabeth -“mais pour amener une oreille justement “différente”, pas pour évaluer la technique de gens qui jouent dix fois mieux que moi”.
Dès 18 ans, Justine Bourgeus commence à tourner (avec le groupe School Is Cool). En même temps que des études en économie, elle commence aussi à produire ses propres morceaux. “J’ai obtenu mon diplôme le jour où est sorti mon premier album.” Cinq ans après The Games I Played, voici donc le deuxième album de Tsar B. Un mélange de pop baroque et de r’n’b déviant, écrit dans la foulée d’une séparation. “J’ai pris le temps de me retrouver, comprendre d’où venait ma colère, et mieux cerner qui j’étais. Et qui était Tsar B.” Pour Tsar Bourgeus ou encore Tsar Bomba, surnom de la bombe H, la plus grosse jamais conçue. Désormais prête à exploser…
Tsar B, To the Stars. En concert le 01/04 au Listen Festival
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