Tramhaus débarque avec un premier album et prend les commandes de Sonic City

Jim Luijten: "La question du disque était secondaire. Même si on nous la posait souvent". © Marc Elisabeth
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Curateur du festival Sonic City qui se déroulera à Courtrai du 8 au 10 novembre, Tramhaus vient seulement d’accoucher de son premier album. Explications.

C’est devenu une habitude. À tout le moins une tendance. Qu’ils soient anglais, irlandais ou hollandais, les groupes à la mode ne se précipitent plus désormais pour enregistrer et sortir un album. Les jeunes musiciens d’aujourd’hui ne mettent pas l’aiguille avant le vinyle. Ils prennent leur temps. Celui de bien faire les choses. Tramhaus, qui jouait déjà en août 2021 dans une cave de Gand et dont on serait bien en peine de dénombrer le nombre de concerts déjà donnés dans notre plat pays, a seulement dégainé son premier LP, The First Exit, le 20 septembre dernier. C’est en partie dû à la pandémie. « Quand les salles ont rouvert après le confinement, on a été énormément sollicités par les organisateurs de concerts, explique depuis l’Italie Jim Luijten, le batteur du groupe de post-punk rotterdamois, malgré une connexion internet calamiteuse. On n’a pas arrêté de tourner. On n’avait ni le temps d’écrire un album ni le temps de l’enregistrer. Ce n’est qu’en février 2023, si je me souviens bien, qu’on s’est dit qu’il fallait planifier tout ça. On avait déjà booké des tournées. Donc, ça a même encore été compliqué de trouver le bon moment pour s’y atteler. »

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Il fut un temps pas si lointain où l’album était une nécessité, un passage presque obligé vers les dates et les podiums. Le paradigme semble avoir été renversé. Sensations rock de la rentrée, les Dublinois de Gurriers, les Londoniens de Deadletter et les cinglés de Fat Dog ont sorti leur premier album en septembre alors qu’ils courent le monde depuis déjà quelques années. « Ils ont suivi le même chemin que nous. Ils sont apparus au même moment et ils ont chopé cette étiquette de new cool band, de groupe que les gens voulaient voir sur scène. Le live a tout à coup pris une autre dimension. Les auditeurs avaient envie, besoin de voir les groupes en vrai. Ils cherchaient ce genre de projets et d’énergie aussi peut-être. La question du disque, finalement, était secondaire. Même si on nous la posait souvent. »

Pour la tornade Tramhaus, la session tournée au Roodkaapje, lieu de culture Do It Yourself situé à deux pas de la gare de Rotterdam, a clairement été déterminante. Les Hollandais ont filmé la vidéo en un jour. Avec des potes et pas un rond, claquant tout ce qu’ils avaient dans la location de caméras et de lumières. « C’est le moment où la balle s’est mise à rouler pour nous. C’était une captation d’assez haute qualité et elle a montré aux gens ce qu’ils voulaient voir. Le genre de concerts auxquels ils avaient envie d’assister. Au delà des chansons, l’aspect visuel a joué, je crois. Je pense que de nos jours un bon single ou une chouette vidéo peut être aussi important et décisif qu’un album. Gurriers, Deadletter et Fat Dog pourraient difficilement te dire le contraire. On a publié l’un ou l’autre morceau, les gens ont commencé à parler de nous et trois ou quatre ans plus tard, on a tous sorti notre premier album, pratiquement au même moment. »

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Entre-temps, ils ont opté pour des 45 tours. « Ils correspondaient bien au temps qu’on avait et à notre manière de fonctionner. On avait de toutes façons besoin de morceaux pour rester 45 minutes sur scène. Ca nous a donc permis d’avoir des supports enregistrés sans devoir nous arrêter de tourner. » Le format répond également aux habitudes de consommation de la plupart des gens aujourd’hui, à cette ère du single célébrée par YouTube, les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. « C’est vrai. Le plus important est même presque devenu de se retrouver sur une playlist avec une vraie caisse de résonance. »

Pour mettre en boîte The First Exit, les Rotterdamois se sont débrouillés tout seuls. « On bosse avec un label DIY et pour la sortie, c’est moitié-moitié. Mais l’enregistrement était à nos frais. On a mis de l’argent de côté avec nos concerts pour financer le disque et on a aussi bénéficié de quelques subsides. Tout ça explique aussi en partie le temps qu’il a fallu. On voulait faire les choses bien. Aller chercher le son et l’énergie qu’on dégage en concert. »

Contrairement à d’autres, Tramhaus a décidé de n’opter que pour des inédits. « On avait déjà sorti nos vieux titres sous un format ou un autre. On a pris ça comme un challenge. Et on était confiants quant à l’idée de pouvoir produire des morceaux aussi bons que ceux qu’on avait déjà. On voulait enfin écrire de nouvelles choses. On était sûrs que ça allait marcher. On n’avait pas envie de nous reposer sur des trucs qui avaient fonctionné par le passé. Ca rendait les choses plus excitantes et moins ennuyeuses. »

© Marc Elisabeth

Carte blanche

Si Lust for Youth, Mabe Fratti, Shannon & The Clams, Cola, Holiday Ghosts, Ulrika Spacek, Mock Media et Sereias se produisent à Courtrai, du 8 au 10 novembre, ils le doivent, du moins en partie, à Tramhaus: les Hollandais sont cette année les curateurs du festival Sonic City. « On a tout de suite accepté. On était super excités, avoue Jim Luijten. On nous a demandé d’envoyer une liste d’artistes qu’on aimerait bien y voir et un quart d’heure plus tard, on avait déjà balancé 50 noms. Les organisateurs ont vraiment checké tous les groupes qu’on avait cités. Jusqu’aux Deftones. Mais ils sont aussi venus vers nous avec des artistes qui leur avaient été par ailleurs proposés. »

Phénomène de mode, le festival de curateur est quelque part le prolongement événementiel, l’incarnation sonore et physique des recommandations procurées il y a 30 ou 40 ans par les artistes dans leurs interviews. On a tous été chercher des disques en magasin ou à la médiathèque après avoir lu des entretiens dans lesquels nos groupes préférés s’épanchaient, enthousiastes, sur ce qu’ils écoutaient. « Moi qui suis plus jeune, j’allais voir ça sur YouTube. C’était l’occasion de découvrir ce qu’ils aimaient mais aussi parfois leurs amis et des groupes locaux avec lesquels ils avaient l’habitude de jouer. » En terme de genres, les Rottardamois ont ouvert le cadre. « On écoute tellement d’autres choses que du post-punk. On a voulu saisir cette opportunité pour montrer nos différentes facettes et pas juste proposer de la musique à guitares. »

Sonic City: du 08 au 10/11 au Depart, Courtrai. Avec aussi Yin Yin, Dame Area, Dana Gavanski, Steve Gunn, Ditz, Crows, Lambrini Girls…

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