The Sound of (Eric Powa) B.
Véritable pionnier, il était l’un des personnages incontournables des musiques électroniques made in Belgium. Eric Beysens est décédé hier, à Bruxelles. Hommage au travers d’une playlist qu’il nous avait concoctée.
Eric Beysens s’est éteint hier, mercredi, à l’Institut Bordet, à Bruxelles. Il était âgé de 47 ans. Pionnier de la musique électronique en Belgique, le Bruxellois était mieux connu sous le nom d’Eric B, puis Eric Powa B. Sa connaissance encyclopédique et ses talents derrière les platines, l’ont fait jouer un peu partout. Ayant débuté comme résident du Fifty-Five, dans les années 80, il fut le grand gourou des soirées de la Gaïté et du fameux Boccaccio, temple de la new beat. Plus tard, on le croisera encore au Who’s Who’s land, au Mirano… Il se lancera également dans ses propres productions.
En 2012, il était ainsi l’un des personnages centraux du documentaire The Sound of Belgium, consacré à l’histoire de l’électronique en Belgique. C’est dans ce cadre-là que nous avions pu rencontré un musicien passionné, et passionnant, dont la zwanze n’avait d’égale que l’érudition. A l’époque, nous lui avions demandé de sélectionner les cinq titres qui représentaient le mieux le mouvement new beat. Il avait rappelé un peu plus tard: « Pas moyen d’étendre à dix titres?« . Finalement, ce sont douze titres qu’il nous glissera. Nous les republions ici, comme une forme d’hommage à une figure essentielle des nuits noir-jaune-rouge. Emoticon smiley triste…
1. A Split Second – Flesh
« LE titre-phare de la new beat. Au départ, c’est un 45 tours new wave, mais joué à la mauvaise vitesse, ralenti à 33 tours +8. Cela donne un truc plus dark, plus langoureux. Personnellement, la première fois que je l’ai entendu, c’était via Ronny à l’AB, à Anvers. Mais au même moment, Jean-Claude Maury le jouait aussi au Mirano, à Bruxelles. D’autres disent encore que c’est Marc Grouls qui a trouvé l’astuce en premier, au Prestige, à Anvers. Aujourd’hui encore, le mystère demeure… Chipoter avec les morceaux était une manière de se démarquer. Il y avait une vraie concurrence. Tout le monde devait avoir la plaque que les autres n’avaient pas. En boîte, les gens se baladaient avec un carnet et un crayon pour noter les titres qui passaient. D’ailleurs, US Import (label et magasin de disque anversois, ndlr) avait même conçu des autocollants à poser sur les vinyles, pour masquer les références des morceaux! (rires) »
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2. House Master Boyz & The Rude Boy Of House – House Nation
« 1985. Je suis invité par un pote qui participe à une compétition entre DJ’s, à l’Hippodrome, à Londres. C’est là que j’entends pour la première fois le Washing Machine de Mr Fingers. Une vraie claque. House Nation est un autre morceau culte du genre. »
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3. Age Of Chance – Times Up (Timeless) / Gat Decor – Passion
« À la base, Age of Chance est un groupe de rock new wave-indé anglais. Le morceau est une face B. C’était l’un des « tubes » du Boccaccio, avec son côté atmosphérique et planant. Gat Decor, c’est un peu le même principe. Couplé aux lights de la boîte, ce genre de tracks était irrésistible. Vous aviez l’impression d’être ailleurs, de voyager dans le temps et l’espace. »
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4. Phuture – Acid Tracks / Ecstasy Club – Jesus Loves the Acid
« Acid Tracks est un peu l’hymne en même temps qu’un bon résumé du mouvement acid-house. Mais Jesus Loves the Acid ouD-Mob, We Call It Acieed, sont également deux incontournables. »
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5. Human Ressource – Dominator
« On y retrouve le son caractéristique de Juno. Roland avait sorti ce synthé, l’Alpha Juno 2, qui s’est retrouvé un peu partout. Notamment parce qu’en laissant filer le « release » plus longtemps, vous obteniez ce son bizarre, pareil au bruit d’un chat qui miaule. Un peu comme la TB-303 pour l’acid-house, le Juno était typique du son du Boccaccio. Le club était un véritable laboratoire musical. La salle était très grande, la plupart du temps bondée. Dans une plus petite boîte, cela n’aurait pas donné le même effet. Mais là, dans cet espace immense, cela prenait des airs de… révolution synthétique! »
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6. Snowy Red – Euroshima
« L’original date de 1982. Le morceau était plutôt cold wave, mais annonçait bien ce qui allait arriver, avec le son synthétique, sombre et syncopé… C. J. Bolland a dit un truc très vrai: la Belgique n’a jamais fait sa révolution avec le punk comme d’autres, mais plutôt sur le dancefloor avec un son qui se démarquait, qui ne passait pas à la radio. A l’époque, vous sortiez en club pour écouter la musique que vous n’entendiez pas ailleurs. »
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7. B-Sides – Reforced
« B-Sides, c’est Frank De Wulf, grand DJ et musicien belge. Je l’ai glissé dans la liste, notamment parce qu’il sample Kraftwerk, en le remodelant pour le club. Ça aussi, c’était typique de l’esprit du moment. »
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8. Joey Beltram – Energy Flash
« Un classique. La basse langoureuse et puis le mot interdit, chuchoté en boucle -« ecstasy« … C’est R&S, le label gantois, qui avait sorti ce morceau. L’Américain était tout étonné de voir que son track marchait ici. Quand il est venu au Boccaccio, il n’en revenait pas! Il n’avait jamais vu ça. En fait, tous ceux qui rentraient dans la boîte hallucinaient. Elle ressemblait un peu à une scène de Kubrick, genre Orange Mécanique. Il y avait des miroirs, des bandes lumineuses sur les marches, des automates, puis la fameuse soucoupe au plafond. Délirant. »
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9. 808 State – Pacific State
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« Aujourd’hui, c’est un morceau qui passe pour très « loungy ». Mais à l’époque, il faisait danser tout le monde. C’est aussi le moment où les gens se rendaient de plus en plus facilement à Ibiza. Le morceau a un côté balearic. Mélangé au reste, cela permettait de créer plusieurs atmosphères, de raconter une histoire. »
10. Newcleus – Automan (Dub version)
« La house représentait un peu le mélange entre le groove « black » et les sons synthétiques plus « blancs ». L’électro-funk, de Mantronix, Afrika Bambaataa, c’était un peu la même chose. Newcleus était l’un de ces groupes. Si vous écoutez la version dub, vous reconnaîtrez encore mieux le motif qui a été samplé plus tard par Snap, pour le hit Rhythm Is a Dancer… »
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