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Solann, nouvelle étoile sombre de la chanson française
Avec son premier album, Si on sombre ce sera beau, Solann plante ses chansons folk claires-obscures dans les plaies de l’époque.
Il ne faut pas embêter Solann. Corps de brindille, mais regard mitraillette, elle réplique aussi sec. Comme la fois où un internaute s’agace de ses prises de position: «Je vais t’apprendre un truc, mon petit chat: mon art est politique, tête de coing. Dans quelle réalité bien molletonnée il faut vivre pour se dire qu’on peut choisir ce que nous donnent ou pas les artistes? C’est pas à la carte, bordel –la vie ne l’est pas.» Contactée par Zoom, elle réagit: «Si j’aime les réseaux sociaux? Pas du tout. C’est juste un outil. Mais j’ai remarqué que, même si je m’abstiens de répondre, je m’en prends plein la gueule. Donc quitte à se faire emmerder, autant relâcher un peu la pression avec une petite vidéo, qui en plus me fait de la pub.»
Autre exemple avec cette remarque sur les paroles de sa chanson Rome –«Et je compte même plus les fois/Où on m’a traitée d’chienne […] /Mais c’est une chienne qui a élevé Rome/Les putes comme moi portent les rêves des hommes.» « «C’est une louve en fait, pas une chienne qui a recueilli Rémus et Romulus…», a cru bon de préciser le «mansplainer» plein d’assurance. A ceci près que lupa en latin désignait dans la Rome antique non seulement une louve, mais aussi une prostituée… Ce qui fera dire à Solann: «Par pitié, donnez-moi l’audace d’un homme médiocre, et je pourrais conquérir le monde»…
Contes et légendes
Le monde, il faudra encore un peu attendre. La scène musicale francophone, en revanche , est déjà prête à accueillir cette nouvelle tête brûlée. Alors qu’elle vient tout juste de sortir son premier album, Si on sombre ce sera beau, Solann se retrouve déjà nommée pour trois Victoires de la musique: révélation féminine, révélation scène et chanson originale pour le titre… Rome. Pas mal pour une chanteuse qui a longtemps hésité entre la musique et la comédie. «Entre deux galères, j’ai choisi la moindre. Surtout pendant le Covid, quand toutes les salles de spectacle ont dû fermer.»
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C’est d’ailleurs pendant le confinement que la jeune femme poste ses premières ébauches de chansons. Et se fait repérer par le producteur/manager Chad Boccara (la structure Faubourg26, où l’on retrouve des artistes comme Suzane, Foé…). «Un soir d’insomnie, il m’a découverte sur TikTok. C’était son neveu qui lui avait dit de ne justement pas faire comme les vieux et de se prendre un compte pour rester à la page.»
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Entre la rage et l’apathie
Ne pas en déduire pour autant que la musique de Solann soit particulièrement mème-compatible ou susceptible de générer des chorés à la chaîne. Née en 1999 à Paris, la chanteuse est bien de son époque. Mais si elle avoue se gaver de rap –«qui réussit à allier la poésie à des productions où l’on ne s’ennuie pas une seconde»–, c’est bien dans une chanson aux allures folk qu’elle s’épanouit, rappelant par moment Pomme. C’est frappant sur des morceaux comme L’Oiseau ou le remuant Les Draps. «J’ai grandi avec des chanteuses comme Joan Baez ou même Anne Sylvestre. Donc oui, le folk reste mon style préféré. Et puis, quand j’ai commencé à écrire pendant le confinement, au fin fond de la Haute-Saône, je n’avais aussi que mon ukulélé…»
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D’origine arménienne par sa maman, Solann a également été marquée par les contes et légendes qu’on lui racontait le soir. D’où des chansons à la fois sombres et frondeuses qui portent les combats d’une génération «entre la rage et l’apathie», à la manière de contes mythologiques, truffés d’ogres et de sorcières, citant aussi bien Goliath que Gargantua. «On ne recule pas, on prend de l’élan», lance encore Solann dans Comme les animaux. «Toute une partie de ma famille s’est incroyablement battue pour juste rester en vie. Donc, c’est important pour moi de marcher droit (NDLR : le titre de la dernière chanson de l’album). Et de me dire que si on me décourage de faire telle chose, je vais y aller deux fois plus fort…» ●
Solann, Si on sombre ce sera beau, distribué par Faubourg26/Cinq7/Wagram. Le 20 mars au Reflektor, à Liège, le 12 novembre au Manège, à Mons, et le 13 novembre à la Madeleine à Bruxelles.Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici