Critique | Musique

Soft Tissue: le raffinement soul du nouvel album des Tindersticks

4,5 / 5
4,5 / 5

Album - Soft Tissue

Artiste - Tindersticks

Genre - Pop

Label - City Slang/Konkurrent

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Toujours aussi raffiné, Stuart Staples emmène ses Tindersticks du côté de la soul, d’Al Green et de la Motown pour un Soft Tissue splendide.

Le monde de la musique, c’est un peu comme celui du sport. On y trouve des esthètes et des bouchers. Des talentueux et des laborieux. Des fainéants et des courageux. Flanqué d’un maillot de foot, Stuart Staples serait un milieu de terrain délicieux, un maestro, un meneur de jeu. Un mec tout en classe et finesse qui verrait des choses que les autres ne voient pas. Un chef d’orchestre ténébreux qui caresserait le ballon et éblouirait de sa technique au ralenti. Nés en 1992 à Nottingham sur les cendres d’Asphalt Ribbons, les Tindersticks incarnent depuis 30 ans une pop intense, sophistiquée et raffinée emmenée par sa voix de crooner fatigué.

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Trois ans après Distractions, qui invitait déjà aux superlatifs, se frottait à la piste de danse, au kraut, au français, aux Television Personalities et à Neil Young, Soft Tissue s’aventure du côté de la soul. Dès les premières notes de New World, son titre d’ouverture, on s’envole pour Detroit dans les années 60 et les studios de la Motown. Ou peut-être au début de ce siècle pour le 115 Troutman Street à Brooklyn et les locaux du label Daptone. « I won’t let my love become my weakness« , répète Staples, secondé par des voix féminines. Son clip en stop motion comme la pochette de l’album ont été fabriqués en compagnie de sa fille, Sidonie Osborne Staples, et de ses petits personnages en céramique. Impeccable de bout en bout, le quatorzième album des Tindersticks est bardé de cuivres, de cordes et de chœurs. Boostés par deux concerts français autour de leur collaboration au long cours avec la réalisatrice Claire Denis, les Britanniques ont trouvé la force et l’inspiration de défendre une écriture toujours minutieuse sans négliger l’intérêt sonore des chansons. Tandis que leur écrin prend des atours groovy, Stuart a essayé à travers ses réflexions introspectives de donner un sens à ce monde étrange qu’il sentait se développer autour de lui.

Enregistré en Espagne, dans un studio de Gérone suffisamment grand pour qu’ils puissent y jouer et y manger ensemble, Soft Tissue discute avec les fantômes d’Isaac Hayes et d’Al Green, du producteur Willie Mitchell et de Hi Records. Mais évidemment à la sauce feutrée et crépusculaire des Tindersticks. À la fin des années 90, les Anglais avaient consciemment essayé de fabriquer un album soul. Il était moins question aujourd’hui d’intention que de se diriger là où les musiciens allaient mutuellement s’amener. Falling, the Light est une délicieuse berceuse. Always a Stranger renvoie à un certain Nick Cave. The Secret of Breathing et Nancy évoquent vaguement l’Éthiopie et Mulatu Astatke. Huit morceaux de toute grande classe pour un disque remarquable.

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