
Saya Gray, Moreish Idols, Sam Fender, Zombie Zombie : on écoute quoi cette semaine?
Parmi les sorties du moment, focus sur le dernier Sam Fender, les nuances pop de Saya Gray, le retour de Zombie Zombie et le rock aventureux de Moreish Idols.
1. Saya Gray – Saya
Des notes de synthé qui s’envolent telles des bulles de savon, un riff de steel guitar pour les faire éclater, et ce motto revenant en boucle: This is why I don’t fall in love in springtime. Dès l’ouverture de son nouvel album, son second, Saya Gray indique à l’auditeur dans quel genre d’endroit il met les pieds. Et lui fait vite comprendre qu’il n’y restera pas longtemps. Musicalement élastique, la pop est idéalement faite pour ça: ne pas rester tranquille et épouser la courbe des sentiments (plutôt que celle des algorithmes). Saya Gray l’a bien compris, qui, dans chacun de ses nouveaux morceaux, teste des nuances différentes, évitant comme la peste tout ce qui pourrait ressembler à une formule.
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Sur fond de peine de cœur et de tourments existentiels, la bientôt trentenaire esquisse des morceaux toujours un peu instables, rétifs à se laisser enfermer. Elle est par exemple capable de murmurer une balade traînante –Our love, a blue lotus in the mud–, avant de s’échapper à mi-parcours dans un écho dub, à la manière d’une Laurie Anderson, sur Line Back 22. Plus loin, sur Exhaust the Topic, sa voix se tord sur les cordes d’une guitare sèche, pour finir par se crasher sur des riffs électriques rageurs.
Pour présenter son album, elle évoque encore un «disque conçu pour vos transitions (émotionnelles, spirituelles et physiques), vos peines de cœur et vos trajets d’un point A à un point B». De fait, chaque titre semble ici flotter entre deux états. Et tant pis si l’un ou l’autre n’atterrit pas toujours: Saya tire aussi son charme de sa manière de ne jamais vraiment se fixer.● L.H.
Distribué par Dirty Hit. En concert le 14 avril au Botanique, à Bruxelles.
La cote du Focus : 3,5/5
2. Moreish Idols – All In The Game
Ce sont un peu les cousins de Black Midi, de Squid et surtout de Black Country, New Road. De ces groupes excitants, audacieux et sans œillères qui, ces dernières années, ont brouillé les frontières entre le rock, le jazz et tout ce qui leur passait dans les gouttières. Moreish Idols a vu le jour à Falmouth, petite ville portuaire des Cornouailles, mais incarne aujourd’hui à sa manière le bouillonnement et la réinvention constante de la scène londonienne. Un éclectisme assumé. Un renouvellement stylistique permanent.
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Si All In The Game tourne autour de l’existentialisme, des souvenirs et de la maladie, il questionne surtout le rapport de l’être humain au temps limité qui lui est accordé sur cette Terre. Avec une réflexion sous-jacente: le temps est ce que l’on en fait. Jude Lilley et ses potes ont pris le leur pour accoucher de cet épatant premier album (le groupe existe depuis 2017). Et le sorcier Dan Carey s’en est inspiré pour expérimenter, en coupant une chanson en deux ou encore en demandant à leur saxophoniste de jouer la même partie à différents tempos enregistrés sur une bande en mouvement à différentes vitesses. Un disque de rock indépendant aventureux et excitant comme en faisait Radiohead il y a longtemps. ● J.B.
Distribué par Speedy Wunderground/Pias.
La cote de Focus : 4/5
3. Sam Fender – People Watching
Le premier mérite de Sam Fender, c’est de ne pas se cacher. Pas plus qu’il ne dissimule ce qui le mobilise musicalement. Dès le morceau-titre, l’Anglais se lance ainsi dans une longue cavalcade rock à la The War On Drugs (son leader Adam Granduciel est d’ailleurs crédité comme coproducteur du disque), rejoint par des cuivres façon Bruce Springsteen & The E Street Band. Après les cartons d’Hypersonic Missiles (2019) et Seventeen Going Under (2021), Sam Fender donne cependant une nouvelle épaisseur à ses élans rock FM eighties.
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Originaire de North Shields, à côté de Newcastle, il continue d’esquisser le portrait d’une Angleterre groggy, à la manière de son modèle américain, par le biais de petits récits, davantage que via de grands discours politiques. Ce qui, quand son songwriting soigné n’est pas noyé dans de trop gros effets, donne des morceaux à la fois épiques et touchants. ● L.H.
Distribué par Universal. Le 19 mars à Forest National, à Bruxelles, et le 5 juillet à Rock Werchter.
La cote de Focus : 3/5
4. Zombie Zombie – Funk Kraut
Trois ans après Vae Vobis (imaginez la musique du Nom de la rose fantasmée par John Carpenter) qui faisait danser ses auditeurs en latin -avec l’aide d’une soprano et d’une spécialiste des langues mortes tout de même-, les Français de Zombie Zombie reviennent aux fondamentaux avec un disque 100% instrumental.
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Enregistré durant l’été 2024 dans les Landes par Laurent de Boisgisson dans le studio du chanteur de Cheveu et mixé par Krikor Kouchian, producteur apparu dans les années 90 période French Touch, Funk Kraut a comme son nom l’indique la bougeotte. Le trio emmené par le claviériste, saxophoniste et ingénieur du son français Etienne Jaumet s’amuse avec Kraftwerk, Neu!, les films de science fiction (voire d’horreur par moments), des tonnes de synthés et des percussions. Une touche dub par-ci, un piano jouet par-là. «Motoric vibes and stereo grooves,» garantit la pochette. On ne l’aurait pas mieux dit.
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Distribué par Born Bad.
La cote de Focus : 3,5/5
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