Rock Werchter J4 : les tops et les flops

Sampha, sur la scène de Rock Werchter © Rob Walbers
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

La soul électronique miraculeuse de Sampha, la charge jouissive d’Idles… Dernier coup d’œil sur une édition de Rock Werchter qui a frôlé le sold out en rassemblant quelque 155 000 spectateurs

Tops

Sampha
« Je suis un homme de peu de mots », s’excuse presque Sampha, avant de présenter son band. De fait, l’Anglais reste réservé. Ce qui peut être éventuellement un handicap quand on se retrouve à devoir conquérir le public d’un festival aussi énorme que Rock Werchter. Dans le Barn, une bonne partie de l’audience n’aura ainsi pas eu la patience de rentrer dans la soul électronique à combustion lente de l’Anglais. Pour le tiers de chapiteau restant, par contre, la récompense sera à la hauteur de son ouverture. Entouré de quatre fabuleux musiciens – batterie, basse, clavier, percussions – , Sampha réussit à créer une alchimie fascinante. Elle tient à son grain de voix unique, réclamé par le gratin de la pop mondiale – pendant son concert, il sert d’ailleurs une sorte de mash-up de quelques-unes de ses contributions, de Kendrick Lamar à Solange.

Surtout, Sampha profite de la scène pour réinvestir ses morceaux et leur donner une nouvelle densité. Il tourne par exemple en boucle autour de Can’t Go Back, n’hésitant pas à lui faire prendre des chemins rythmiques touffus. Plus loin, il donne à l’inverse une version complètement dépouillée de (No One Knows Me) Like My Piano. Ou se retrouve en cercle avec son groupe autour de tambours/percussions pour Without, à la manière d’une formation de samba. Lancé, il ose même quelques pas de danse sur Dancing Circles. En toute fin, alors que les lumières se sont rallumées et que les roadies sont déjà sur scène pour démonter le matériel, il prend soin de signer quelques autographes, aux premiers rangs qui ont eu la bonne idée de rester. La grande classe.

Idles
Difficile, sur la main stage, de proposer autre chose que des gros shows calibrés ? C’était sans compter sur Idles. On peut toujours faire confiance au groupe irlandais pour décoincer une affiche rock trop planplan. Aussi chahuteur qu’imprévisible, Idles rue dans les brancards. Et n’hésite jamais à donner une charge politique à son post-punk grinçant, augmenté désormais d’un saxophone free (Gratitude). En toute fin, ils massacrent encore All I Want For Christmas« voilà pourquoi on ne sera jamais tête d’affiche de ce festival », glisse Joe Talbot, peut-être légèrement émoussé mais toujours pas résigné. Tandis que Mark Bowen, en robe, copie son camarade Lee Kiernan et s’en va à son tour surfer sur les premiers rangs. Furieux.    

Flops

Une partie du public (masculin)
Dimanche, c’était un peu la journée de l’homme déconstruit à Werchter. Du moins sur scène : de la soul psychédélique somptueuse de Michael Kiwanuka au rap de Loyle Carner, dénonçant la toxicité masculine, en passant par la sensibilité de Sampha ou même les éructations politiques d’Idles. Dans le public, par contre, il reste encore du boulot. Pas de généralités. Mais encore trop souvent, on a assisté durant le week-end à des scènes ou des remarques pénibles. Les hommes savent pourquoi…   

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