Concert - Foo Fighters
Date - 07/07/2024
Salle - Rock Werchter
Critique - L.H.
Dimanche, sur la scène de Rock Werchter, les Foo Fighters ne se sont pas épargnés pour offrir un final pétaradant au festival. Et prouvé, deux ans après la disparition de leur batteur Taylor Hawkins, qu’ils restaient plus soudés que jamais
Pour un festival comme Rock Werchter – ou tout autre de sa taille -, pas le choix. Il aura beau constituer la plus belle affiche possible, s’il n’a pas réussi à dégoter la tête de gondole rassembleuse, il peut vite se retrouver dans les problèmes. Demandez par exemple au patron du Pinkpop hollandais, bien embêté cette année après la défection de Muse… En décrochant les Foo Fighters, pour fermer le ban de son édition 2024, le vétéran des festivals belges XXL pouvait être rassuré. Il tenait son bouquet final, sa cerise sur le gâteau, avec même un supplément de chantilly en prime.
C’est que Dave Grohl et ses camarades sont généreux dans l’effort. S’ils quitteront finalement la scène 20 minutes plus tôt que prévu dans le programme, ils auront quand même tenu la main stage pendant plus de 2h10. Et ce, sans jamais vraiment ralentir trop la cadence. Grohl déboule ainsi sur scène en courant, n’attendant pas d’arriver au micro pour commencer à haranguer la foule. Dès qu’il met la main dessus, il hurle comme un goret et s’égosille sur All My Life, puis No Son of Mine. La frappe est lourde, les riffs appuyés. Les Foo Fighters comme à la parade, dans ce qu’ils peuvent avoir de plus heavy et punk.
Force de frappe
Dans son costume de chef de bande, Dave Grohl est plus que jamais LE dude, mélange de cool et de brutalité, d’humour goguenard et de sincérité. Après avoir livré une version tendue de Walk, il s’amuse : « Qui nous voit pour la première fois sur scène ? Ben, quoi, vous étiez où ? Cela fait presque 30 ans qu’on est là, motherfuckers ! » Avant dimanche soir, la formation américaine avait d’ailleurs déjà mis les pieds sur la plaine de Werchter à trois reprises. La dernière fois, c’était en 2017. A l’époque, Taylor Hawkins tenait encore à la batterie. Son décès, en 2022, a largement secoué un groupe. Au point de le faire vaciller ?
L’an dernier, les Foo Fighters sortaient toutefois un nouvel album, But Here We Are, y retrouvant même une certaine urgence. Pareil sur scène, où l’alliance entre Grohl, Pat Smear, Nate Mendel, et Chris Shiflett apparaît plus soudée que jamais. Rejoints par Rami Jaffee aux claviers, ils ont désormais intégré à la batterie, Josh Freese. Membre de Devo, vu également aux côtés de Nine Inch Nails ou Weezer, il n’a peut-être pas le côté fantasque de Hawkins, mais bien l’ampleur et la force de frappe – comme il le prouve sur Breakout, première occasion pour lui de balancer un solo fracassant. « Il nous a permis de jouer à nouveau », glisse Grohl, en le présentant.
Energie vitale
En l’occurrence, à Werchter, les Foo Fighters n’ont pas lésiné pas sur les hits – Times Like This, My Hero, Learn To Fly, These Days, etc. Tout en balayant large dans leur discographie. Par exemple en glissant Aurora, que Grohl dédie, la voix pas loin de se casser sous l’émotion, à Taylor Hawkins. Un peu avant, le groupe est même remonté jusqu’au premier morceau de leur premier album, This Is A Call, sorti en 1995, un an après le décès de Kurt Cobain. A l’époque, le disque avait en quelque sorte montré une porte de sortie possible pour le grunge. Une sorte d’alternative à une scène qui avait eu tendance à sombrer dans certains clichés rock morbides.
Trente ans plus tard, Dave Grohl a beau être parfois tombé dans d’autres poncifs, il incarne plus que jamais cette idée du rock, comme force régénératrice et galvanisante. A Werchter, en tout cas, elle a permis d’assurer le feu d’artifice final promis.
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