Critique | Musique

Rock Werchter J3 : Dua Lipa, la vraie diva du dancing

4 / 5
Après avoir affolé des dizaines de milliers de festivaliers à Glastonbury la semaine dernière, Dua Lipa compte bien enflammer la plaine du Rock Werchter. © Harry Durrant/Getty Images
4 / 5

Concert - Dua Lipa

Date - 06/07/2024

Salle - Rock Werchter

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Sur une scène principale qui s’est traînée toute la journée, Dua Lipa a enchaîné les tubes. Fun fun fun!

Après une demi-heure de concert, Dua Lipa reprend son souffle : « La dernière fois que je suis venue ici, c’était en 2017 ! Et je n’en reviens pas du chemin parcouru depuis. » En effet. A l’époque, elle jouait alors au Klub, en fin d’après-midi. Sept ans plus tard, elle est devenue la tête d’affiche de la scène principale du même extra-big festival. Et ce n’est pas volé. C’est qu’il s’en est passé des choses dans l’intervalle. Notamment un 2e album, Future Nostalgia,  qui, sorti en mars 2020, va devenir l’une des bandes-son de la pandémie. Mieux : son échappatoire favorite. En pleine sinistrose, ses tubes dansants feront office de petits bonbons consolateurs. Et permettront à la chanteuse anglo-albanaise de rejoindre définitivement la première division des pop star internationales.

Un nouvel album, sous le bras – Radical Optimism, sorti au printemps – Dua Lipa est venue consolider ce nouveau statut samedi soir. Comment ? En reprenant la fête là où elle l’avait laissée. En mode disco-pop décomplexée, enchaînant les hits à la pelle. Pas question ici de se risquer à commenter la marche du monde. Ce n’est pas le lieu. Comme le disait Chic, « puisqu’on ne peut quand même pas changer son destin« , pourquoi hésiter : autant exulter et faire la fête. En la matière, la première demi-heure de Dua Lipa est impressionnante : Training Season/One Kiss/Illusion/Break My Heart/Levitating, autant de tubes, enchaînés quasi d’une seule traite.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

House party

Sur les écrans, les messages insistent : lâchez-vous ! Ce qui est évidemment toujours paradoxal, dans un show pop où, précisément, rien n’est vraiment laissé au hasard, millimétré jusqu’à la moindre mimique. Dua Lipa joue cependant parfaitement de l’illusion. Vocalement balèze, moins impressionnante que magnétique, elle ne s’arrête quasi jamais de danser. Et même si les chorégraphies ne sont pas forcément spectaculaires ou acrobatiques, en étant entourée en permanence de ses danseurs, elle réussit à créer le sentiment d’euphorie qui peut exister dans un club. Ou plutôt sur la piste de danse improvisée dans son salon, lors de votre dernière soirée entre potes. La seule fois où elle fait un écart, la ballade These Walls tombe d’ailleurs complètement à plat…

En intro de son concert, un extrait d’un dialogue du film de The Wild Angels, donnait déjà le ton : « We’re gonna have a good time ! We’re gonna have a party ! ». En 91, le groupe Primal Scream l’avait déjà utilisé pour son morceau Get Loaded. Avec les mêmes intentions, mais avec un fond psychédélique plus prononcé. Ici, rien de tout cela. La fête reste tout à fait sage. Ce qui n’est pas forcément une critique. Même sans être transgressive, elle bat son plein.

Filtre VHS

Si elle « tranche », à la limite, c’est presque dans sa « simplicité ». Décor d’escaliers métalliques relativement sobre, la même tenue pailletée pendant tout le set – alors qu’au Barn, d’autres divas du dancing, telles Roisin Murphy ou Janelle Monae en ont changé quasi à chaque titre. Contrairement à nombre de ses collègues, Dua Lipa est aussi non seulement venue avec un vrai groupe, mais prend même le temps de présenter chaque musicien. A l’ancienne.

Sa musique ne cache d’ailleurs pas ses influences eighties. Quelques minutes avant le concert, la sono diffusait par exemple le Gym Tonic de Bob Sinclar, samplant la voix de Jane Fonda donnant des cours d’aérobic (pour les moins de 40 ans: l’ancêtre du fitness). Pendant Pretty Please, les images diffusées sur les grands écrans sont même passées dans un filtre VHS. Retravaillé, le morceau cite le fameux Amen break, avant que des smileys l’amènent vers la house la plus euphorisante qui soit.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Lors des rappels, Dua Lipa enfonce le clou en enfilant encore Physical (là aussi, référencé), Don’t Start Now et Houdini, son dernier tube en date. Histoire de prouver que si elle n’est pas la pop star la plus extravagante ou la plus révolutionnaire, elle est peut-être bien l’une des plus funs. Et que, dans un festival qui a eu du mal à booster sa main stage ce samedi , Dua Lipa méritait plus que quiconque son trône.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content