Rock Werchter J2: Une formule évidente
Des soeurs jumelles d’Ibeyi à la soul moderne de Kwabs, en passant l’indie-pop maîtrisée de Death Cab For Cutie et la grandiloquence agaçante de Of Monsters and Men, ce début de deuxième journée au Rock Werchter a (parfois) manqué de folie.
À l’image de l’ensemble de la programmation, la deuxième journée du Rock Werchter ne réserve que peu de surprises au mélomane (ou lecteur de Focus Vif) régulièrement à l’affût de l’actualité musicale. Archive, Damien Marley, Mumford & Sons, Pharrell Williams: disons-le tout net, c’est connu et c’est clinquant. Fort heureusement, l’absence de découvertes n’a jamais été un frein aux prestations séduisantes. De ce côté, en ce début d’après-midi, le festival flamand a quelques arguments à faire valoir. À commencer par Archive que l’on n’a pas toujours connu si fringant sur scène et, surtout, Ibeyi, dont les refrains nu-soul, les choeurs gospel et les ambiances jazzy ont provoqué de somptueux vertiges durant 40 minutes. Sur l’ultime Come To River, tube absolu de leur premier album paru plus tôt cette année, les deux soeurs franco-cubaines démontrent même l’étendue de leur background hip-hop avec une énergie aussi sensuelle que bouillonnante et des pas de danse ô combien fédérateurs.
Fédérateur, Damian Marley l’est tout autant. Ou du moins, il tente de l’être. Renommé Jr. Gong, le Jamaïcain enchaîne les refrains efficaces et compense un reggae qui ne réinvente rien – ici une ode à la marijuana, là un hommage à Jah et un cri de guerre contre « babylone » – par des mélodies syncopées et planantes, par quelques tubes piqués dans le catalogue de papa (Exodus, Could You Be Loved, Get Up, Stand Up) et par une énergie débordante. C’est d’ailleurs là que réside le principal atout de Damian Marley, véritable show-man multipliant les « come on », les « Are you ready? », les « Make some noise! » et toutes autres techniques visant à interpeler un public forcément conquis.
Il est alors 17h, la chaleur commence à baisser, la queue devant les stands de bière à s’intensifier et les concerts à s’enchainer. Pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur, il y a bien sûr la soul moderne du petit protégé de SOHN, Kwabs, dont le chant hérité de la Great Black Music se confronte aux sonorités électroniques, aux percussions africaines et aux guitares rock – mention spéciale à sa reprise de Do I Wanna Know? des Arctic Monkeys -, mais il y a surtout le grand retour de Death Cab For Cutie qui, après des années à errer dans l’ombre et à publier de mauvais albums d’adolescents qui refusent de vieillir, confirme bel et bien qu’il n’est pas devenu le « fantôme de Beverly Drive », pour reprendre le titre de leur deuxième morceau joué cet après-midi. Entre indie-pop charmante et guitares désabusées, la bande Ben Gibbard parvient même à délivrer quelques hymnes pop que l’on se surprend à fredonner en sortant du chapiteau The Barn. Une façon sans doute inconsciente de compenser les deux moments difficiles de l’après-midi: les tubes pour supermarchés de John Newman et la platitude du folk pourtant grandiloquent de Of Monsters And Men.
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