Qu’est-ce qu’on écoute cette semaine? Stereolab, Billy Woods, Ganavya

Stereolab sort son premier disque en quinze ans
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Stereolab qui sort son premier album en quinze ans; le film d’horreur rap de Billy Woods; le chant spirituel de Ganavya : voici notre sélection des derniers albums à écouter de toute urgence

1. Stereolab – Instant Holograms on Metal Film

C’est l’histoire d’un projet franco-britannique pas comme les autres qui a survécu à la séparation du couple qui était à sa tête et au décès de sa guitariste, en 2002, dans un accident de vélo. L’histoire d’un groupe érudit cher aux disquaires qui s’est glissé dans la B.O. du High Fidelity de Nick Hornby réalisé par Stephen Frears. L’histoire finalement d’un ovni qui a mêlé avec brio la pop des années 1960, une musique répétitive naïvement futuriste et le rock planant allemand. (…) Stereolab a exercé une influence considérable sur la pop moderne. De par son esprit d’ouverture (à côté des références précitées, il y a aussi le Velvet Underground et Kraftwerk, le jazz, l’easy listening ou encore la bossa nova), son indépendance, son polyglottisme et, sans avoir l’air d’y toucher, son engagement. Anticapitalisme, inspiration situationniste et conscience écologique… Stereolab a toujours, sans lever le poing ni ruer dans les brancards, incarné une certaine vision de la société.

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Fondé en 1990 par Tim Gane, le guitariste de McCarthy, et sa compagne d’origine parisienne née en mai 1968, Laetitia Sadier, alors épaulés par un membre des Chills et un photographe du Melody Maker, Stereolab sort en cette fin du mois de mai son premier album en quinze ans. Disques solos, projets parallèles (Cavern of Anti-Matter, Modern Cosmology)… Entre rééditions et compilations, chacun a vaqué à ses occupations. Enregistré en compagnie d’Andy Ramsay (batteur), Joe Watson (claviers) et Xavi Muñoz (basse) embauché en 2019 pour le retour du groupe sur scène, Instant Holograms on Metal Film bénéficie aussi de quelques prestigieux invités. Cooper Crain et Rob Frye de Bitchin Bajas, le multi-instrumentiste de jazz Ben LaMar Gay, Holger Zapf de Cavern of Anti-Matter, Marie Merlet de Monade et Molly Hansen Read figurent, entre autres, au casting de ce come-back aussi inattendu que réussi.
Passeur et défricheur, Stereolab fait partie de ces groupes qui ont déplacé les curseurs, flouté les frontières entre le rock et l’électronique en embrassant à la fois la pop et l’expérimentation. En treize nouveaux titres (dont un seul et quelques phrases en français), Instant Holograms on Metal Film invite à un voyage en apesanteur, offre une bouffée d’oxygène et d’intelligence dans ce monde suffocant trop souvent abruti. Un album lumineux, riche, soigné, malin et accessible. ● J.B.

Distribué par Warp/V2. Le 25 mai aux Nuits Botanique, à Bruxelles.
La cote de Focus : 4/5

2. Billy woods – Golliwog

Poète tortueux, rappeur noueux, Billy Woods est devenu l’une des personnalités les plus emblématiques du rap underground new-yorkais. Trois ans après le magistral Aethiopes, il publie un nouvel album solo aux allures de film d’horreur. Entouré d’une quinzaine de producteurs différents –de The Alchemist à Kenny Segal, en passant par Shabaka Hutchings–, il a imaginé un disque peuplé de zombies (Jumpscare), de fantômes dérangés (Waterproof Mascara, sur fond de pleurs féminins) et de clowns hallucinés (BLK XMAS).

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Aussi éprouvant que captivant, Golliwog –le nom d’une poupée de chiffon noire aux relents racistes– s’éclaircit dans sa seconde moitié, avec des titres comme A Doll Fulla Pins ou le touchant Born Alone. Mais sans jamais vraiment lâcher le fil de son récit d’épouvante, qui, comme les meilleurs films d’horreur, n’est évidemment qu’une métaphore utilisée par Billy Woods pour décrire les dérives de la société. Ce que résume l’un de ses invités, Cavalier, sur le morceau Lead Paint Test: «Every black life’s a thriller»… ● L.H.

Distribué par Backwoodz studioz. Le 14 octobre, au Botanique, à Bruxelles.
La cote de Focus : 4/5

2. Ganavya – Nilam

Née à New York, Ganavya Doraiswamy a passé une bonne partie de sa jeunesse dans le sud de l’Inde, où elle s’est formée à la musique carnatique. Passée également par le prestigieux Berklee College of Music, elle mène aujourd’hui une carrière passionnante, entre jazz et musiques spirituelles. Vue notamment aux côtés du collectif soul Sault, elle a sorti l’an dernier pas moins de deux albums –Like the Sky I’ve Been Too Quiet et le magnifique Daughter of a Temple. Sur ce dernier, elle n’hésitait pas à se lancer dans de longues plages collectives improvisées.

Avec son nouveau Nilam, elle délaisse ces méditations pour se rapprocher de «vraies» chansons. Coproduit par Nils Frahm, le disque dépouillé enchaîne sept morceaux plus directement accessibles, tournant pour la plupart autour des trois ou quatre minutes. Mais sans que le magnétisme de Ganavya ne s’en trouve diminué, la voix toujours aussi troublante (le déchirant Not a Burden).● L.H.

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Distribué par Leiter/Konkurrent. Le 12 juillet au Gent Jazz, et le 5 novembre à Flagey, à Ixelles. La cote de Focus : 3,5/5

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