
Perfume Genius, Snapped Ankles, The Brums, Heimat et Mess Esque: on écoute quoi cette semaine?
Dans les filets de la semaine, grosse pêche indie avec le nouveau Perfume Genius, les krautrockeurs des bois Snapped Ankles, les explorateurs liégeois de The Brums, ou encore Heimat et Mess Esque.
1. Perfume Genius – Glory
Sous le nom de Perfume Genius, Mike Hadreas a toujours envisagé la musique comme une quête intime. Né en 1981, il a grandi à Seattle. Ado ouvertement gay, il subira du harcèlement scolaire, avant de fuir à New York, où il brûlera la chandelle par les deux bouts, dérivant dans la drogue et l’alcool… En 2010, un premier album, Learning, se débat avec ces démons, les auscultant dans un songwriting dépouillé et lo-fi. Petit à petit, l’écriture de Perfume Genius va prendre de l’ampleur, s’épanouissant dans un rock indie baroque et lettré, jouant volontiers avec son identité queer. Et de devenir ainsi au fil du temps, sinon une star, en tout cas l’un des noms les plus en vue de la scène musicale indépendant américaine. Trois ans après l’avant-pop sinueuse de Ugly Season, il sort cette semaine Glory, septième album et nouvelle réussite à ajouter à son impeccable discographie.
Pour la première fois, Hadreas a inclus ses musiciens dans la création des morceaux – Meg Duffy (guitare), Greg Uhlmann (guitare), Tim Carr (batterie), Jim Keltner (batterie), et Pat Kelly (basse). Logique pour un disque où il tente précisément de lâcher prise et de s’ouvrir davantage vers l’extérieur. S’éloignant des ambiances expérimentales de Ugly Season, Glory s’épanouit ainsi dans des morceaux qui piochent aussi bien dans l’americana et la folk (It’s A Mirror) que dans des tirades plus grungy (No Front Teeth) ou dans des ballades bouleversantes (Me & Angel).
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Le tout porté par des textes truffés de références obscures, tirées ici d’un poème de l’empereur Hadrien, là de l’une des dizaines de pages Wikipedia ouvertes sur le bureau d’ordinateur d’Hadreas (Capezio, du nom d’une marque de chaussures de danse). Brillant.
Distribué par Matador.
La cote de Focus : 4/5
2. The Brums – Soleil noir
Originaire de Liège, The Brums est désormais un trio constitué d’Antoine Dawans (trompette/synthé), Clément Delchambre (saxophone/synthé) et Alain Deval (batterie). Pour aller au plus court, on les rattachera volontiers à la vague électro-jazz du moment, qui, de Tukan à Echt! en passant par Lander & Adriaan ou Vaague, prend un malin plaisir à mélanger groove organiques et électroniques. Et après tout, pourquoi choisir?
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Avec Soleil noir –leur deuxième album–, The Brums y rajoute encore d’autres éléments –musique de films, traits néoclassiques, avec, par exemple, la présence d’un quatuor à cordes pour ouvrir le morceau-titre. Surtout, à côté de ses envies de bouger sur la piste de danse (le breakbeat de Nothing Left to Dream qui vire au matraquage techno), The Brums réussit à glisser des nuances plus mélancoliques (Black Moon, My Friend) qui enrichissent magnifiquement leur palette. ● L.H.
Distribué par Flak. En concert, entre autres, le 5 avril au festival Push The Button, à Ostende, le 11 avril à l’Eden, à Charleroi, le 24 mai à La Fête dans le guidon, en Haute Ardenne.
La cote de Focus : 3,5/5
3. Mess Esque – Jay Marie, Comfort Me
Véritable légende du rock australien, Mick Turner est un fervent adepte des collaborations. Le chemin emprunté par le guitariste des Dirty Three (que complètent Jim White et Warren Ellis) croise la route de pointures telles que Chan «Cat Power» Marshall, Will «Bonnie Prince Billy» Oldham ou encore Bill «Smog» Callahan. Turner a trouvé avec la nettement moins célèbre Helen Franzmann (McKisko) une partenaire de premier choix.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Troisième album de Mess Esque, le tandem qu’ils ont formé juste avant la pandémie et le confinement, Jay Marie, Comfort Me, est un disque aussi splendide que dépouillé. Portées par la musique et les instruments de l’un, les paroles, la voix douce et hantée de l’autre, ces huit chansons à fleur de peau font frissonner comme du Shannon Wright, du Tara Jane O’Neil et du Mazzy Star. Splendide. ● J.B.
Distribué par Drag City/V2. Le 10 mai au Depot, à Louvain, le 11 mai à l’Arenberg, à Anvers, et le 15 mai au Wilde Westen, à Courtrai.
La cote de Focus : 4/5
4. Snapped Ankles – Hard Times Furious Dancing
Si «les temps difficiles exigent une danse furieuse», comme le déclara un jour l’écrivaine et militante féministe et antisioniste américaine Alice Walker, récompensée en 1983 par un prix Pulitzer pour son roman La Couleur pourpre, les Anglais de Snapped Ankles sont assurément vos meilleurs amis en cette année aussi politiquement inquiétante que socialement déprimante. Les krautrockeurs des bois sortent de leur forêt pour faire tordre les chevilles et remuer du fessier avec leur mécanique obsédante et leurs rythmes saccadés.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Leur esprit chamanique et leur folie électronique. Snapped Ankles, c’est l’homme qui entre en communion avec la nature sur le dancefloor à l’ère postindustrielle. Ce sont les esprits de la forêt chers à Tolkien qui partent en rave dans un zoning abandonné. Y a qu’à danser… ● J.B.
Distribué par The Leaf Label.
La cote de Focus : 4/5
5. Heimat – Iti Eta No
Apparu tel un ovni il y a une bonne dizaine d’années dans le ciel à nouveau étoilé de l’underground français (ligne Paris-Strasbourg), Heimat continue de voler dans les marges. Heimat, c’est de la musique qui fait vriller. Qui retourne la tête et agite le corps. Heimat, c’est Olivier Demeaux (Cheveu, Accident du travail) et Armelle Oberle (The Dreams, Badaboum) pilotes perchés du vaisseau et aventuriers de l’espace sonore.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Parfois martial, toujours martien, Iti Eta No est une de ces bizarreries dont le tandem a le secret. Du genre à faire taper du pied, à vous filer le torticolis et à vous ensorceler. Derrière sa géniale pochette signée Anouk Ricard (grand prix au dernier festival d’Angoulême, rien que ça) se cache un album qui l’est tout autant. La BO électro ethno freak de rêves étranges et de nuits perturbées. Des chansons en plein de langues sauf en français (anglais, allemand, italien). Puis aussi une ballade folk psychédélique et dépouillée (Tree). Eh bien trippez maintenant… ● J.B.
Distribué par Teenage Menopause.
La cote de Focus : 4/5
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici