Pavement ou le pouvoir du lo-fi
Pavement à Liège? Sur papier, un événement, à tout le moins. Dans les rangs, clairsemés, du Parc Astrid, l’enthousiasme peine pourtant à poindre…
Est-il encore besoin de les présenter? Après leurs concerts best of à l’Ancienne Belgique de Bruxelles et au Primavera catalan en mai dernier, les vieux jeunes reformés de Pavement débarquaient donc hier à Liège, principauté regorgeant, plus qu’ailleurs encore peut-être, de pâles héritiers de leur rock indé cabossé, branque, hautement mélodique, en un mot comme en cent: inimitable.
Sur scène, Stephen Malkmus et les siens ont la dégaine délicieusement nonchalante, limite jean-foutre. On n’en attendait pas moins (ou plus, c’est selon), à dire vrai, de ces chantres d’un rock indé nineties estampillé lo-fi.
De » Shady Lane » à un » Here » proprement crèvecoeur, en passant par » Cut Your Hair « , » Stereo « … et une bonne double dizaine d’autres mini hits undeground, le groupe balance -l’air de rien, forcément-, 1h30 durant, un set imparable, sans temps mort, et prompt à propulser les fans, le temps de ce » We Dance » tant réclamé par exemple, aux portes du paradis indie.
Oui mais les fans, parlons-en. Où sont-ils? Il y a bien des grappes, devant, ça et là, de trentenaires remuant leur panse à bière naissante en bondissant sur place, agitant leur crinière dégarnie aux vents. Mais les rangs sont épars et, derrière eux, l’enthousiasme semble peu partagé.
Se pose dès lors à nouveau la question du statut de ces Ardentes. Voulu et présenté dès sa naissance par ses géniteurs comme un » Pukkelpop liégeois « , le festival ne tiendrait-il pas plutôt d’un gros 15 août avant l’heure, aux accents certes musicaux mais où la faune locale semble plus intéressée à brailler au bar et s’ébaudir sur la dernière des bourrinades électro que sur un rock alternatif pointu et racé (la marque de fabrique du Pukkelpop, en somme)? Poser la question, c’est quelque part y répondre.
Une chose est sûre, si Cypress Hill sort grand vainqueur de cette première journée ardente à l’applaudimètre, aux points marqués dans les coeurs c’est Pavement le champion. Branleur et insouciant, comme on les aime…
Nicolas Clément, à Liège
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