Ozzy Osbourne est mort: les fans de metal ont perdu leur «prince des ténèbres»

© Ilya S. Savenok/Getty Images

Spécialiste des excès, « prince des ténèbres », Ozzy Osbourne est décédé ce mardi à l’âge de 76 ans. Beaucoup s’accordent à dire que le Britannique restera à tout jamais le « parrain du heavy metal », un genre qu’il a fait décoller avec son groupe Black Sabbath au début des années 1970.

Après des décennies de débauche et plus de 75 millions d’albums vendus, le chanteur britannique, qui souffrait de la maladie de Parkinson, est mort mardi à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui une femme, six enfants, une kyrielle de petits-enfants et un héritage à vie pour les fans de rock lourd. À l’avoir vu ces dernières années promener ses airs de grand-père attachant et légèrement sourd, on avait du mal à se rappeler qu’il fut longtemps considéré comme le « prince des ténèbres », un paria multipliant les excès et scandales.

Dans le rôle du papy déjanté, il a conquis de nouveaux fans dans les années 2000 avec son émission de téléréalité familiale « The Osbournes« , un des plus grands succès de MTV. Jusque-là, il était surtout connu pour avoir croqué la tête d’une chauve-souris vivante en plein concert ou pour avoir uriné dans le verre du directeur d’une compagnie de disques ainsi que sur un monument aux morts aux États-Unis, arrestation à la clé. Et, bien sûr, pour avoir aidé à forger, à la tête de Black Sabbath, un nouveau genre musical: le heavy metal, un mélange de rock et de blues aux sonorités lourdes et empreintes de violence.

«Les filles sont parties en hurlant»

Lorsque le groupe a sorti son premier album éponyme en 1970, le succès a été immédiat. Plus de quarante ans plus tard, des milliers d’amateurs de hard rock dans le monde continuent à reprendre en boucle des hymnes tels que « Paranoid« , « War Pigs » ou « Iron Man« .

Ozzy, comme beaucoup de ses collègues de l’époque, avait des trous de mémoire, et c’est un euphémisme. Il disait même avoir oublié la date de naissance de ses deux premiers enfants. Des décennies d’alcool et de drogues avaient aidé à effacer quelques souvenirs. En 2010, des scientifiques sont allés jusqu’à disséquer son génome pour comprendre comment il a pu survivre à autant d’excès.

Ainsi Ozzy ne se rappelait plus non plus sur quelle scène il avait présenté l’album Black Sabbath pour la première fois. « Mais je me rappelle comme si c’était hier de la réaction du public: toutes les filles sont parties en criant et en hurlant », racontait-il, goguenard, dans son autobiographie « I am Ozzy« .

Des accusations de satanisme et de promotion du suicide l’ont plus tard conduit devant les tribunaux. Pas de quoi effrayer celui qui a fait de la prison avant même sa majorité après avoir volé un téléviseur et des… vêtements pour bébé.

John Michael Osbourne est né le 3 décembre 1948 à Birmingham dans une famille ouvrière pauvre, héritant de son surnom Ozzy dès le primaire. Dyslexique et fâché avec les devoirs, il a quitté l’école dès ses 15 ans pour enchaîner les petits boulots. Il savait qu’il voulait devenir une rock star, après avoir entendu les Beatles à la radio.

« Madman »

Il a réalisé son fantasme remarquablement vite. Textes lugubres, riffs lourds accompagnés de sa voix unique, geignarde et monotone: les chansons de Black Sabbath ressemblent à des films d’horreur traduits en musique. « Pink Floyd faisait de la musique pour les gosses de riches qui allaient à l’université, nous on était l’exact opposé », disait-il.

Les albums se sont succédé à un rythme effréné, souvent boudés par la critique, mais plébiscités par les fans. Lorsque Ozzy a quitté le groupe en 1979, il a enchaîné directement sur une carrière solo tout aussi riche, jusqu’à la réunion des membres fondateurs de Black Sabbath en 2011.

La vie personnelle du « Madman », un autre surnom, est restée agitée par tous temps. Son premier mariage avec Thelma (menant à la naissance de deux enfants, Elliot et Jessica) fut de son propre aveu un désastre. Il a épousé ensuite, en 1982, sa manager Sharon, qui sera son pilier et la mère de trois nouveaux enfants, Aimee, Kelly et Jack, le couple adoptant aussi un autre garçon, Roberto.

Les décès coup sur coup, fin 2015 et début 2016, de son ami Lemmy Kilmeister et de David Bowie l’avaient laissé songeur. « Tout le monde meurt autour de moi », confiait-il à Rolling Stone.

Il avait, le 5 juillet, donné un concert d’adieu avec Black Sabbath à Birmingham, en Angleterre, ville d’origine du groupe, devant des dizaines de milliers de fans de metal venus du monde entier. « Je vous aime! », avait lancé de sa voix toujours grinçante le chanteur aux spectateurs, pour beaucoup en larmes, qui l’ont soutenu à chaque seconde de ce « last show« . Pour l’occasion, il avait aussi convoqué les plus grandes stars du metal, de Metallica à Anthrax en passant par Guns N’Roses et Pantera.

Le prince des ténèbres a encore résisté dix-sept jours, avant de les rejoindre au panthéon des grands musiciens britanniques.

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