OSA, projet d’un ex-Venus: « Je veux amener les gens à lâcher prise »

Christian Schreurs lors de son concert Re-Connect © OSA - Christian Schreurs
Zélie Dion Stagiaire

Avec un mélange de musique répétitive et de vidéos « texturées », l’ex-Venus Christian Schreurs a fait voyager ses spectateurs ce dimanche au Centre Culturel de Woluwe Saint-Pierre, lors d’un concert spécial enfants. Présentation d’OSA, un projet musical hors du commun.

Une salle plongée dans le noir, une scène, des projecteurs et un musicien. Jusque-là, rien de bien original pour un concert. Mais lorsque les premières notes retentissent et que les premières images sont projetées sur les écrans, on comprend très vite qu’il ne s’agit pas d’un concert classique. À l’origine de cet ovni musical: Christian Schreurs, ex-membre du groupe Venus. Après la séparation du groupe pop-rock en 2007, ce violoniste-guitariste décide de changer d’air et de partir loin. « J’ai toujours voulu faire ce voyage au Costa Rica, mais je n’avais jamais trouvé le temps, explique le musicien. C’était aussi l’occasion d’accuser le coup dur de la séparation du groupe et de changer de quotidien. » Durant un an et demi, le musicien va alors s’inspirer des paysages et des nouvelles rencontres qu’il fait. Une inspiration qui prend très vite forme et donne place à de nouvelles compositions. « Là-bas, je suis tombé fou amoureux du piano, se souvient le musicien. Ajoutez à cela le fait d’être dans un pays étranger, avec une nature exubérante et où la population est très ouverte, eh bien tout cela a contribué à ce que je compose et commence à enregistrer mes idées. » En parallèle à la musique et à la découverte du piano, Christian Schreurs s’intéresse aussi à la vidéo. Il commence alors à filmer ce qui l’entoure, quand lui vient l’idée de combiner ces images à la musique qu’il créé: le projet OSA est né.

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Après deux ans de collaboration avec une deuxième pianiste et un VJ (vidéo jockey), Christian Schreurs décide de poursuivre son projet seul. « Je me suis rendu compte que l’on n’avait pas les mêmes objectifs, déplore-t-il. On ne pouvait pas tous consacrer le même temps au projet, moi je voulais aller beaucoup plus loin, essayer sans cesse de nouvelles choses. » Mais si lors des concerts le musicien est seul sur scène, durant la création des morceaux, il met un point d’honneur à s’entourer d’artistes. « Je trouve très important de se nourrir de plusieurs choses différentes, de ne pas rester centré sur sois même, soutient Schreurs. C’est pourquoi je cherche souvent à faire des collaborations, j’ai très envie de travailler avec plusieurs artistes. Pas obligatoirement des musiciens mais d’autres artistes en général, pour m’ouvrir d’autres portes. » Des collaborations diverses qui ont amené le musicien à faire appel à plus de 200 étudiants en école d’art, pour réaliser les pochettes de son vinyle. Des pochettes uniques que le spectateur peut choisir lors de l’achat du disque. « L’idée était que les étudiants illustrent leur ressenti après avoir assisté au concert. Les pochettes sont donc toutes uniques puisque lors du concert on n’est pas guidés par un visuel précis. Ce que j’adore, c’est de me rendre compte que des gens peuvent vivre des choses qui sont parfois très fortes, mais surtout complètement différentes les unes des autres. »

Le vinyle, un choix réfléchi

Pour commercialiser son projet, Christian Schreurs n’a pas choisi le vinyle au hasard. Même s’il le vend avec un CD classique pour s’assurer que tout le monde puisse l’écouter, le musicien ne voulait pas abandonner l’idée du 45 tours. « Je voulais marquer le coup avec un visuel unique, mais surtout je voulais revenir à un côté matériel de la musique, raconte le musicien. Sur les vinyles, contrairement au CD classique, la musique est réellement gravée dans la matière. Aujourd’hui on télécharge énormément, on a des milliers d’heures d’écoute sans qu’on ne s’en rende compte. La musique est devenue invisible, complètement dématérialisée. Pour moi, c’était très important de marquer le coup tant au niveau de l’image que du support. » Mais là n’est pas l’objectif principal du projet OSA. En effet, par la répétition des sons et la projection d’images très graphiques et peu figuratives, Christian cherche à toucher les gens et les pousser à évacuer tout ce qui est cérébral, pour laisser place aux émotions fortes et viscérales. « Ce que je recherche par ce projet, c’est d’amener les gens à lâcher prise, à déconnecter pour se reconnecter à eux-mêmes. On est dans une société où tout va vite, où les gens se perdent et le payent de le corps. Le nombre de burnout n’a jamais été aussi élevé, parce qu’on nous demande toujours plus et plus vite. Moi je veux leur proposer de se reconnecter à leur corps et leurs sentiments. »

À la sortie du concert, les avis sont mitigés et les discussions fusent. Tous n’ont pas été portés par la musique et les images de Christian Schreurs. « Je suis un peu déçue, je pensais que cela allait être davantage participatif, explique Irène, maman de trois jeunes enfants. Je pensais qu’ils allaient pouvoir danser, mais ce n’est pas arrivé. Maintenant, je reconnais que capter l’attention de mes trois enfants n’est pas facile. » D’autres parents en revanche ont été très réceptif au projet. « J’ai vraiment bien aimé, je me suis laissé porter par les vagues et les flammes, explique Armanda, grand-mère de deux petites filles. J’y vois une manière d’évacuer toutes les colères et les énergies négatives que l’on a en soi. Il y a là-dedans un effet thérapeutique, ça vaut une séance chez le psy je pense. » Du côté des enfants aussi le constat est partagé. Alors que certains comme Kenenissa, 7 ans ont eu du mal à se concentrer et ont trouvé le concert « un peu ennuyant et trop long« , d’autres comme Mattéo, 9 ans, ont adorés. « J’ai trouvé ça super chouette, il y avait plein de couleurs qui s’allumaient et s’éteignaient. La musique était belle aussi. » Mais la meilleur façon de se forger un avis est encore d’y participer.

OSA, prochain concert le 29 avril au Centre Culturel du Beau Canton, Florenville. Info et tickets.

Exposition des pochettes vinyles uniques à la Médiathèque du W:Halll jusqu’au 23 avril.

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