On était au concert de Travis Scott : avis de tempête sur les Ardentes
A Liège, Travis Scott n’a eu besoin que de trois-quart d’heure d’un show carré pour retourner la plaine. Sans jamais la faire complètement exploser.
Sa réputation, désormais, le précède. Cela fait longtemps que Travis Scott est connu pour ses shows explosifs, et une attitude sur scène qui le rapproche plus de l’énergie brute des chanteurs de nu metal. Mais depuis le drame d’Astroworld – 10 morts et plusieurs centaines de blessés dans un mouvement de foule, lors de son concert, à Houston, Texas, en novembre 2021 -, le nom de Travis Scott est devenu pour beaucoup synonyme de chaos. La semaine dernière, après 19 mois d’enquête, un grand jury rejetait pourtant toutes les poursuites au pénal contre le rappeur, lavé de toutes responsabilités. Cela n’a pas empêché, vendredi soir, sur la plaine des Ardentes, de sentir une certaine électricité dans l’air. Le climat est même, littéralement, orageux. Sur le coup de 23h25, quelques gouttes tombent. Mais le déluge ne sera finalement pas pour ce soir.
Avec un petit quart d’heure de retard sur l’horaire prévu, Travis Scott déboule enfin. C’est du moins ce qu’indique la musique : Highest In The Room, pour dégoupiller le show. Sur scène, par contre, noyée dans la pénombre, la fumée, et les stromboscopes, on distingue à peine le rappeur. Scott se planque – il fait même sortir les photographes après seulement deux morceaux. Pendant quasi l’intégralité du concert, il restera ainsi dissimulé, tel une ombre, s’agitant comme un chevalier de l’apocalypse dans le brouillard, plongé dans un noir et blanc métallique. A l’image de sa voix d’ailleurs, autotunée à balle.
L’effet papillon
C’est la première tournée de Travis Scott depuis la tragédie de Houston. Elle annonce l’arrivée d’un nouvel album, Utopia, pressenti pour le 21 juillet prochain. Il succède précisément à Astroworld, sorti en 2018. Cinq ans, c’est beaucoup dans un univers du rap qui évolue toujours très rapidement. Vendredi soir, à Liège, la trap psychédélique de Travis Scott fait en tout cas toujours son petit effet.
Certes, on ne voit toujours pas bien ce qui se passe sur scène – on apprend aujourd’hui, vidéo à l’appui, qu’un spectateur particulièrement téméraire aurait franchi les barrières, avant de se faire aussi vite rebalancer dans la fosse. Mais sur la plaine, le spectacle est fascinant. Quand Scott balance par exemple un titre comme Stargazing ou Buttefly Effect, la vague provoquée sur la foule est impressionnante.
A mi-parcours, le rappeur calme un peu le jeu avec des morceaux comme Mafia ou Trance. Mais le temps de reprendre son souffle, et ça repart. Scott hurle, court, saute, s’agite. Mais ne quitte jamais le podium posé sur la scène. Comme s’il contenait malgré tout son effort. Quatre jours avant, certains médias italiens expliquaient encore que le concert de Scott à Milan avait provoqué de telles secousses, que certains habitants ont cru à un tremblement de terre…. De séisme, il n’en sera pas question à Liège. Le show bastonne, mais n’explose jamais vraiment.
En toute fin, Sicko Mode et Goosebumps font vriller une dernière fois la plaine de Rocourt. La course-poursuite aura duré 45 minutes (sur l’heure et demi annoncée dans le programme). Un peu court ? Pour les premiers rangs croisés après le concert, éberlués, comme tout droit sortis d’une essoreuse, comme pour la dizaine de spectateurs pris en charge par la Croix-Rouge, croisés à côté de la scène, il n’en fallait sans doute pas davantage…
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