On était au concert de Blur aux Lokerse Feesten: sympa, malgré un public mou du genou
Après avoir rempli deux fois Wembley et sorti un nouvel album en juillet, Blur, la bande à Damon Albarn, a donné à Lokeren son premier concert en Belgique depuis dix ans.
Il fut un temps où on allait au moins une fois par an aux Fêtes de Lokeren. C’était l’événement flamand, mi-festival mi-ducasse, qui sortait chaque été les concerts les plus inattendus de son chapeau. C’est à Lokeren qu’Iggy renouait en Belgique avec ses Stooges. À Lokeren où s’arrêtait généralement Primal Scream. À Lokeren toujours où on pouvait en quelques heures revivre l’Histoire du punk en compagnie des Buzzcocks, des Kids, des New York Dolls et des Sex Pistols (2008). Mardi, les Lokerse Feesten avaient sorti comme à la grande époque leur tenue de soirée. Un joli trois-pièces sans âge et tout britannique. Baxter Dury d’abord, le fils de Ian, moins sex, drugs and rock’n’roll que papa. Quoique. Cocaine Man, I’m Not Your Dog («Ce n’est pas mon problème, je ne suis pas ton chien» en français dans le texte…). Le crooner fainéant, dandy apathique mal rasé bien fagoté, a servi de premier apéritif avec sa pop nonchalante et ses chansons gouailleuses.
On en oublierait presque la pluie et le fait qu’à Lokeren, on peut désormais se réfugier au Club. Une salle qui pour le coup baigne sous le soleil transalpin avec les tubes de poche en italien des Bruxellois d’Ada Oda. Dehors pour lancer Blur vers le sprint final, comme Mathieu van der Poel préparait le terrain à Jasper Philipsen sur les routes du Tour pendant le mois de juillet, Lokeren avait sorti la machine à danser Hot Chip. Certes moins rutilante qu’antan. Mais avec de quoi quand même (les bons vieux Ready for the Floor et Over and Over en tête) se dégourdir les jambes avant l’arrivée de Damon Albarn et sa bande. Avec entre les deux, inside, pour les plus curieux et courageux, un super et bien sauvage concert de Warmduscher.
Blur ou la génération MTV
Blur vient de sortir son nouvel album, The Ballad of Darren, mais la tête de gondole de la Britpop a enclenché, festival oblige, le mode best of. Une vingtaines de titres, six morceaux de Parklife. Des pioches dans 13, Blur, Modern Life Is Rubbish, The Great Escape et même dans son tout premier album (Leisure, 32 ans) avec There’s No Other Way… Il y a des concerts que les festivaliers vont voir sans connaître une chanson et puis il y a les concerts de Blur. Tracy Jacks, Beetlebum, Coffee & TV… Aucune boîte de lait ne se promène dans les flaques (vive le sol bétonné, ça évite le bain de boue) mais difficile de ne pas repenser à tous les clips qui allaient avec les hits. La vidéo n’a pas tué les stars de la radio. Au contraire. Blur incarne la génération MTV. Et elle est bien là. Sold out de quadras et quinquas collés-serrés malgré les K-Ways.
Blur a annulé sa prestation au festival Beauregard début des vacances en raison d’une blessure au genou de son batteur Dave Rowntree, vient de remplir deux stades de Wembley et n’a plus joué en Belgique depuis 2013 en tête d’affiche de Rock Werchter. Compliqué de se frayer un chemin parmi la foule. Certes, le son ne va pas très fort et le public est un peu mou du genou (la météo n’aide pas) mais l’utilisation des écrans qui servent de décor est dynamique et sympa. Puis, Damon et le guitar hero binoclard Graham Coxon ont plus d’un single dans leur sac. Des chansons qu’on fredonne sous la douche et qu’on peut chanter en chœur. Country House, Parklife… Blur est un juke-box vivant et sait mieux que quiconque ce que le public attend. Girls & Boys et Song 2 font toujours office de grands moments de communion et amènent vers un final plus posé (This is A Low, Tender, The Narcissist et The Universal).
À la question Blur ou Oasis, il est de bon ton, contrariant, de répondre Pulp, éventuellement Supergrass. Mais en attendant la réconciliation des frères Gallagher, on a encore pu constater mardi qui étaient les plus fédérateurs.
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