On a écouté Bēyāh, l’ultime album de Damso: premières impressions

Damso sort Bēyāh, annoncé comme son ultime album.
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le rappeur belge numero uno sort Bēyāh, annoncé comme son tout dernier album. Un dernier round pour ne pas commencer à tourner en rond? Premières impressions.

Le voilà, enfin. Annoncé depuis plus d’un an et demi, Bēyāh, c’est son titre, a atterri sur toutes les plateformes. Ce n’est pas seulement l’une des sorties les plus attendues de l’année. Il se présente aussi comme l’ultime album de Damso. Le point final à l’une des success story les plus fascinantes du rap francophone –et, plus généralement, de la musique pop belge du XXIe siècle. Vraiment? Aux deux tiers du disque, l’intéressé glisse: «Pour certains, c’est une stratégie quand je parle de dernier album» (sur T’es mon del). Une stratégie, peut-être pas. Mais un vœu pieux?

Pour son pot de départ, Damso a en tous les cas mis les formes. Il est ainsi passé par le Festival de Cannes pour projeter le premier épisode de R.E.M., court métrage de science-fiction, censé accompagner, voire expliquer, le propos de Bēyāh. Les infos sur l’album lui-même ont été savamment distillées. Il compte une quinzaine de titres, différents selon les supports –le vinyle propose les morceaux Prise de conscience et Rondo (un hommage à son ami Ricky Rondo, disparu en 2022, à l’âge de 34 ans?), absents du tracklisting digital.

Escape game

C’est cette dernière version que la presse a pu consulter en début de semaine. Quelles conclusions tirer de cette (unique) écoute? D’abord et avant tout que Bēyāh semble avoir été moins pensé comme un grand feu d’artifice final que comme un résumé de la carrière de Damso. Un disque qui commence dans l’amertume (et une pique à Booba?) –«Je te laisse la couronne/Je prends le royaume et les vraies sommes» (Impardonnable)– et finit dans l’outrance –«J’ai niqué sa mère à je ne sais qui» (Kaki). Une manière de boucler la boucle. Pour éviter de commencer à tourner en rond? Damso n’a cessé de le répéter ces derniers mois: s’il prend la tangente, c’est aussi par qu’il a l’impression d’avoir fait le… tour.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Bēyāh ressasse ainsi beaucoup de ses tiraillements habituels: entre amour et luxure, mensonge et vérité, gloire ou beauté, faire de l’art ou faire du sale (« Le rap français? De l’excrément/J’ai pas le temps de vous citer des noms », sur le futur banger de Vie Olence). Musicalement, Damso continue pourtant de chercher et de s’amuser. Notamment du côté des sonorités afro-caribéennes. Comme quand il fait chanter à une chorale zouk le refrain nihiliste de Qui m’a demandé«Qui m’a demandé ma permission de venir au monde?/Si je pouvais me prononcer, je n’y passerais que quelques secondes.»

Damso prend le large

Ceausescu et les Diables rouges

Sur la guitare façon rumba congolaise de Magic, la voix du rappeur prend également des intonations inédites. Avec Pa Pa Paw –sur lequel apparaît la chanteuse Sarah Sey–, c’est aussi le seul duo de l’album: Damso featuring… I.A. Pour intelligence artificielle? C’est l’une des bizarreries –la ligne «Je crois en Dieu, aux Diables Rouges […] La naissance du Christ, la mort de Ceausescu» sur Fibonacci, en est une autre– d’un dernier disque qui devait pourtant apporter plus de réponses que de nouvelles interrogations.

De disque en disque, Damso a en effet semé une série d’énigmes. Au point de transformer sa discographie en un grand escape game, dont il ne semble parfois plus trouver lui-même la sortie. A moins qu’il ne veuille tout simplement ne plus s’en extirper…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content