On a assisté au concert de Zaho de Sagazan à Dour : sous la mélancolie, une grande communion électro

Zaho de Sagazan, sous le sourire, la tempête. © emma picq
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

A Dour, Zaho de Sagazan a validé un peu plus son ticket pour la gloire, en appuyant sur la pédale électro-dance. Euphorisant.

Installée devant son piano, Zaho de Sagazan se lance : « Je ne peux pas croire que tu m’aimes ». Si d’aventure elle en avait vraiment eu besoin, la jeune Française va être rapidement rassurée. C’est la première chanson de son concert. Et tout le public la reprend déjà d’une seule voix. Pouvait-il en être autrement?

Programmé à 20h, sous le chapiteau de la Petite maison dans la prairie, le concert de la chanteuse n’avait peut-être pas les honneurs de la grande scène. Mais il avait bien toutes les couleurs d’une tête d’affiche. Pour cause. Cela fait en effet un peu plus d’un an maintenant que le nom de Zaho de Sagazan est sur toutes les lèvres. Depuis la sortie de son premier album, La symphonie des éclairs, elle est de tous les médias – des Inrocks au Monde. De toutes les cérémonies – des Victoires de la musique (quatre trophées, en février dernier, dont ceux de la chanson et de l’album de l’année) à Cannes. De tous les festivals – en Belgique, après Lasemo et Dour, elle enchaînera avec Esperanzah ! Et sur toutes les radios. Du moins jusqu’à ce que, d’après le Parisien, ses déclarations par rapport au RN et ses liens avec l’empire médiatique de Bolloré, la fasse disparaître des playlists d’Europe 1 ou RFM… C’est dire, aussi, le poids qu’a pris aujourd’hui la parole de Zaho de Sagazan.

Le plongeon électro de Zaho de Sagazan

On aurait d’ailleurs pu craindre que cette voix commence à se raidir, écrasée par cette nouvelle notoriété et une tournée/promo intenses. Que de contraire. A Dour, Zaho de Sagazan a un peu plus validé son ticket pour l’amour, la gloire et la beauté d’une musique qui a manifestement réussi à toucher une corde sensible dans le public. Ce lien n’est jamais exprimé aussi fort qu’avec le tube éponyme de son album. Le genre d’hymne générationnel qui ferait un parfait rappel. Mais que Zaho de Sagazan décide de glisser dès la moitié du concert. Il est évidemment repris d’une seule voix par le chapiteau tout entier. Avec une ferveur qui a l’air de surprendre encore son interprète. Mais aussi son équipe, qui se congratule en coulisses.

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Le morceau est une jolie ballade, cachant sous ses airs classiques et presque mignons, le chaos intime de son autrice. Zaho de Sagazan n’est toutefois pas venue pour tirer à tout prix sur la corde sensible. S’est-elle mise en mode festival ? A Dour, elle a en tout cas appuyé sur la pédale électronique. Un titre comme Aspiration affiche ainsi toujours plus frontalement ses accointances new wave. Tandis que même un titre comme Tristesse finit quasi par danser comme un morceau de Faithless.

Ondulant en permanence, Zaho de Sagazan se livre sans compter, comme si elle n’avait pas toute une tournée dans les jambes. Comme d’habitude, elle a d’ailleurs enfilé son fameux cycliste. A moins que ce ne soit une tenue de plongée – « elle ne l’aurait pas piquée à Anne Hidalgo ? », nous souffle-t-on à gauche, taquin. Histoire d’être encore plus à l’aise pour piquer une tête dans son bain électro-chanson, entourée par trois autres musiciens derrière leurs drôles de machine.

Amour moderne

Avant d’entamer la dernière ligne droite, Zaho de Sagazan précise d’ailleurs : « Les chansons tristes, c’est terminado ! » Place à la danse – Ne te regarde pas. Voire à la transe – Dansez. En toute fin, à bout de souffle, elle a encore l’énergie de chanter sa reprise du Modern Love, de David Bowie. « La première fois que je l’ai chantée, c’était devant un public de merde, mais qui sentait très bon », rigole-t-elle pour évoquer sa prestation lors de la cérémonie de clôture du dernier festival de Cannes. Soit à peu près l’exact opposé de l’ambiance du moment, dans un chapiteau transformé en étuve (…), mais face à un public nettement plus exubérant.

On peut penser ce que l’on veut de la reprise en question. Y compris qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’original. Mais force est de constater qu’en concert, Zaho de Sagazan non seulement la fait complètement sienne. Mais réussit à parfaitement traduire son caractère euphorisant. C’est une vraie fête qui se déroule à ce moment-là, la chanteuse invitant les membres de son équipe à la rejoindre sur scène. La parfaite conclusion d’un concert généreux et galvanisant.   

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