On a assisté au concert de Josman, à Dour : le couronnement du cool

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

A Dour, Josman n’a pas dû forcer pour imposer son cool et assumer son statut de nouvelle tête de gondole du rap français

Il cultivait volontiers l’image d’un rappeur discret. Voire de niche. Désormais, Josman ne peut plus se cacher. Arrivé au sommet du rap français, son succès est visible de tous. On en a eu une preuve supplémentaire cette semaine. Quelques jours après avoir occupé la scène principale des Ardentes, en d’après-midi, il s’installait sur la Last Arena de Dour. Cette fois, en tête d’affiche.

Too much ? Pas au vue de l’affluence sur la plaine. Sur une scène qui a parfois du mal à rassembler, le public est venu en nombre pour assister à la consécration de Josman. Son couronnement. Oh, rien de spectaculaire. Uniquement accompagné de son producteur fétiche Easy Dew, Josman a même dû revoir un peu le décor prévu pour le faire rentrer sur la Last Arena – exit la carcasse de voiture américaine défoncée. Pas grave : son aura cool – au bord du dilletantisme parfois – fait mouche.

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En fin de soirée, elle fonctionne même encore mieux que lors de sa prestation liégeoise en plein après-midi. Avec ses assonances volontiers salaces, Josman se fait quasi crooner street. Il faut l’entendre par exemple déposer délicatement les mots moites de J’aime bien !, assis sur les marches, en toute décontraction. Sous son fameux bob, il déplie ses schémas de rimes avec une nouvelle assurance. Celle des vainqueurs qui ont pris leur temps pour grimper la montagne.

Josman, slow rider

Il en est le premier conscient. A Dour, Josman n’a pas oublié sa première fois. En 2017 ! Depuis, il est revenu à quatre reprises. Tout le mérite au rappeur qui a su grandir petit à petit. Mais aussi au festival, qui évolue également, en installant des fidélités et en réussissant à accompagner des trajectoires (demandez par exemple à Stikstof, également présents ce vendredi, ou à Amélie Lens, autre habituée de la maison, qui démarre juste après à la Balzaal).

Quand Josman a débarqué pour la première fois à Dour, le festival était encore installé sur la Plaine de la machine à feu, au pied des terrils. Depuis, le rappeur originaire de Vierzon a évité la voie rapide, souvent embouteillée. Et préféré rider à son rythme. Depuis le succès de son premier album, baptisé J.O.$, en 2018, il a pu ajouter des zéros – à l’instar du titre de sa dernière « mixtape », sortie fin de l’année dernière, J.O.O.O.$. Un disque qui lui a d’ailleurs valu une nomination aux Victoires de la musique (Album de l’année), un an après avoir remporté la Flamme du morceau de l’année, pour Intro. Et de remplir dans la foulée un premier Bercy à Paris.   

Jouant avec les codes de la frime, il a réussi à avancer sans perdre de vue ce qui faisait sa spécificité. Mieux que ça. Au moment où le rap français se cherche de nouvelles têtes de gondole, il assume plus que jamais son rôle. De quoi contredire ceux qui prédisent la fin imminente de la « bulle » rap ? A Dour, avec le concert de Kaaris juste avant, jouant son classique Or noir, sommet de sauvagerie trap, devant des fans désormais parents, venus parfois en famille. Et celui de Josman, pour rassembler les jeunes générations, le rap ne semblait en tout cas pas près de quitter les premières loges.   

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