Nuits Bota: la reine Shannon

Orangerie, mardi 16 mai 2017 © Olivier Donnet
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Ce mardi au Botanique, on est passé de salle en salle pour voir Clément Nourry, Ulrika Spacek, Shannon Wright et un petit bout de Sleaford Mods. Compte-rendu express.

Sur son récent album solo et instrumental, Clément Nourry faisait emprunter des chemins de traverse à sa guitare fouillée et aventureuse. Aussi passionnant qu’inattendu. De là à le transposer sur scène, et surtout lui y donner du relief, il y avait un fameux pas que le guitariste de Joy As A Toy et Nicolas Michaux a pourtant franchi en montant son « Under the Reefs Orchestra » pour les Nuits, en collaboration avec le Botanique. Après avoir dépoussiéré quelques nouveaux morceaux seul en scène, Clément Nourry s’accompagnera d’un saxophoniste basse, Marti Melia (« je n’osais pas lui demander, mais non: il n’a aucun lien avec Marc Melia ») d’un batteur-guitariste-expérimentateur (du genre à brancher sa caisse claire dans une pédale Whammy) et du bidouilleur patenté Monolithe Noir, qui a fait un long voyage depuis Balades Sonores, son magasin de disques installé en face du Bota. La sauce prend étonnamment vite: bien au-delà du côté expérimental, le groove prend le dessus. Dommage que le public ait été aussi clairsemé: on ose espérer que l’aventure aura une suite…

Pour la suite, on ne va pas mentir: on ne s’était honteusement pas encore penché sur le cas Ulrika Spacek il y a une semaine de cela. C’est donc sur conseil d’amis avisés, et avec des oreilles toutes fraîches, qu’on assistera à leur prestation à mi-chemin entre rock psyché, grunge et shoegaze. Soit trois guitares bien baveuses qui martèlent du riff lancinant, une basse puissante et un batteur qui tabasse sévère. Et pour donner le ton, les 5 gars affichent sur leurs grattes et T-shirts les logos de Bikini Kill, Ho99o9 ou Daniel Johnston – c’était bien parti pour nous plaire, cette affaire-là. Plaisir de se prendre une claque inattendue.

Avec Shannon Wright par contre, on avance en terrain connu puisqu’on est tombé raide dingue de la dame avec Over the Sun en 2004, son premier album entièrement produit par Steve Albini. Il faut dire qu’il n’y en a pas deux comme elle: jamais on n’avait entendu Fender Jazzmaster martyrisée de la sorte. Avec son jeu mêlant picking et slapping (deux techniques qu’on a plutôt l’habitude d’opposer), l’Américaine fait dans l’émotion crue. À fleur de peau, mais d’une peau lacérée. Grande maîtresse du loud/quiet/loud prôné par Frank Black. Et si elle laisse plus de place que jamais aux claviers sur son récent Division, ce n’est certainement pas pour s’assagir. Pendant une heure et demie, Shannon Wright aura été habitée comme jamais, pour ce qui restera le meilleur concert qu’on ait vu d’elle. L’énergie du désespoir? Récemment, elle confiait à Vice en avoir ras-le-bol et être prête à arrêter la musique faute de pouvoir s’en sortir financièrement. Pitié Shannon, non…

Là-dessus, on aura tout de même réussi à s’aménager un petit quart d’heure pour aller se rentrer dedans devant Sleaford Mods, dont la recette sans surprise et je-m’en-foutiste est toujours aussi efficace. Power to the wankers!

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