Nekfeu d’artifice aux Ardentes
On appelle ça un démarrage sur les chapeaux de roue. Certains festivals montent en puissance. Aux Ardentes, c’est alles geven, dès le premier jour. Faut dire que l’affiche du jeudi était particulièrement relevée, avec quelques-unes des têtes de gondoles de la « scène urbaine » (…) française actuelle: à commencer par Aya Nakamura, Ninho, Columbine, etc. Un gros gâteau avec plein de crème donc, avec pour cerise finale la venue exclusive de Nekfeu.
On ne rappellera pas comment Les Étoiles vagabondes a su faire l’événement: le moyen-métrage diffusé en salles, la version « expansion » sortie quelques semaines plus tard, etc. Avec ses 34 morceaux (pour plus de deux heures de musique), la version en question finissait d’ailleurs de convaincre sur la manière dont il fallait comprendre ce troisième album: moins une rénovation qu’une prolongation de l’univers et du talent de Nekfeu.
En outre, il donnait aussi une indication de l’état d’esprit du rappeur parisien, marqué par un échec amoureux, mais aussi par le succès, dont la rançon s’est visiblement avérée plus chère que prévue. Déclinant désormais toute promo, Nekfeu allait-il retrouver sur scène l’étincelle et l’enthousiasme que la gloire et la notoriété ont pu parfois étouffer? En arrivant avec un quart d’heure en retard sur l’horaire prévu, on se pose d’autant plus la question: le rappeur traîne-t-il les pieds? L’énergie est toutefois là. Comme d’habitude, Nekfeu démarre en trombe, enchaînant Cheum et Mauvaise Graine, tiré de Cyborg. Mais il y a pourtant bien quelque chose qui coince. Comme l’impression d’un exercice un peu imposé, voire forcé. Certes, la gestion des sons micros n’aide pas: trop souvent, la voix du rappeur est sous-mixée, noyée dans la musique. Mais Nekfeu s’accroche, bataille. Il peut s’appuyer sur Doums et les autres camarades du S-Crew, auquel il laisse un maximum de place: ce n’est pas aujourd’hui que Ken Samaras abandonnera le jeu collectif. Damso n’est pas là pour l’accompagner sur leur duo Tricheur? Pas grave. Il ressort Le bruit de ma ville avec Phénomène Bizness, et laisse la scène à Alpha Wann pour son Stupéfiant et noir.
Les efforts de Nekfeu sont bientôt récompensés. Frissons par exemple quand il délivre une version au cordeau d’Humanoïde, enchaîné à Sous les nuages. À ce moment-là, le concert décolle définitivement, le rappeur pas loin du sublime. Le sprint final est dès lors à peu près irrésistible, la joyeuse bande présente sur scène sortant les feux de bengale, tandis que le patron se jette dans le public. Une victoire aux points, certes. Mais une victoire quand même.
Le petit top 5 des concerts à pas louper ce vendredi
1. Roméo Elvis, en pleine bourre, une semaine avant sa fête à Dour
2. Pusha T, LA grosse pointure US du jour
3. Les confessions de Gringe
4. Tawsen entre BX et Marrakech
5. Tanae, premiers pas soul-rnb
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